Fille coupée en deux (La)

Fille coupée en deux (La)
Titre original:Fille coupée en deux (La)
Réalisateur:Claude Chabrol
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:08 août 2007
Note:
Le célèbre écrivain Charles Saint-Denis vit retiré à la campagne près de Lyon. Pour promouvoir son dernier roman qui vient de sortir, il accepte avec réticence de se prêter à l'exercice de l'entretien sur une chaîne de télévision locale. A cette occasion, il rencontre la jeune et belle Gabrielle Deneige, qui y présente la météo. C'est le coup de foudre passionnel, mais Saint-Denis n'est pas le seul à s'intéresser à Gabrielle. Paul Gaudens, le fils d'un riche entrepreneur, croit également être amoureux d'elle et il voit par conséquent d'un mauvais oeil cette relation entre la jeune femme et l'homme d'âge mûr.

Critique de Tootpadu

Claude Chabrol a toujours été l'un des observateurs les plus savoureux des perversions, petites et grandes, de la bourgeoisie française. Ses films distillent un plaisir coquin dans la dissection des rapports de classe, qu'on ne trouve que très rarement chez ses confrères. Le regard que Chabrol porte sur la société française depuis des décennies et des dizaines de films est empreint d'une résignation lucide, qui ne tombe jamais dans l'idéalisme ou le misérabilisme. Ses personnages sont certes tourmentés par des pulsions peu avouables, et ils portent souvent la charge de leur histoire personnelle, intime ou familiale, avec eux. Mais leur condition ne permet aucune solution salvatrice, juste un enracinement encore plus pénible dans l'hypocrisie et le malaise de leur environnement social.
Le cercle infernal selon Claude Chabrol fonctionne toujours aussi implacablement dans cette histoire inspirée de l'affaire Stanford White du début du siècle passé. Les grands traits, déjà évoqués dans un des épisodes de Ragtime de Milos Forman, y sont préservés, mais le coup d'arrêt n'arrive que tardivement. D'ici là, Chabrol s'adonne à une analyse toujours aussi fine de notre société provinciale. Son oeil malicieux opère un tour d'horizon qui comprend à la fois l'insignifiance audiovisuelle, le snobisme de la haute société et une naïveté de la jeunesse issue de la classe moyenne, qui ne peut se conclure que par le désarroi. Dans ce contexte, le parcours de Gabrielle est particulièrement emblématique, puisqu'elle passe de fille appréciée principalement pour ses atouts physiques, au stade de princesse, pour finir comme une artiste de saltimbanque.
Quant à la mise en scène, elle est toujours aussi cultivée et travaillée, avec comme d'habitude une direction d'acteur exemplaire. C'est surtout Caroline Sihol qui fait de petites merveilles, avec le rôle ingrat de la mère richissime. On est pas forcément obligé d'aimer la coupe de cheveux de Benoît Magimel, qui va pourtant très bien avec le personnage. Par contre, Ludivine Sagnier nous enchante toujours autant, sans se déshabiller pour une fois, puisqu'elle crée le centre nerveux complexe d'une histoire qui ne l'est pas moins. Le scénario s'avère même si élaboré que quelques longueurs ne manquent pas d'apparaître vers la fin.

Vu le 14 août 2007, à l'UGC Lyon Bastille, Salle 3

Note de Tootpadu: