Fantômes de Goya (Les)

Fantômes de Goya (Les)
Titre original:Fantômes de Goya (Les)
Réalisateur:Milos Forman
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:25 juillet 2007
Note:
A la fin du XVIIIème siècle, l'Inquisition reprend des forces en Espagne. Un des plus fervents inquisiteurs est le moine Lorenzo, qui laisse pourtant Francisco Goya, le peintre royal et un critique virulent de l'église, créer son portrait. Lorsque Inés, la fille d'un riche marchand et client de Goya, est arrêtée et soupçonnée de pratiques juives, l'artiste tente d'intervenir en sa faveur auprès de Lorenzo.

Critique de Tootpadu

Cette production espagnole a été précédé d'une telle réputation exécrable et elle a été larguée si honteusement en plein milieu de l'été par Studio Canal, que nous étions en droit de nous attendre à une bouse insupportable. En fait, Les Fantômes de Goya souffre de nombreuses faiblesses, mais la cruauté avec laquelle il a été accueilli se base avant tout sur le prestige de son réalisateur, qui nous présente ici son premier film très moyen depuis des décennies. Ce film n'est pas plus fade que d'autres épopées historiques comme Le Don du roi, Artemisia ou Vatel, des exercices en création de décors et de costumes jolis à regarder. Mais savoir un réalisateur de la trempe d'un Milos Forman derrière la caméra, l'homme qui nous a donné des oeuvres passionnantes comme Amadeus, Ragtime et Man on the Moon, est tout de même assez navrant.
Au début, l'histoire se met en place d'une façon peut-être pas très astucieuse, voire un peu pesante, mais les quelques observations sur les moeurs dégénérées de la cour et du clergé pimentent passablement le récit. Forman ne réussit pas à créer un canevas fascinant d'une époque révolue, comme il savait le faire si puissamment dans les films précités. Mais le seul véritable bémol de cette première partie sur les abus de l'église catholique et les tentatives désespérées d'une résistance à la violence arbitraire de l'Inquisition de la part des notables, c'est le cabotinage de Javier Bardem.
Au bout d'une petite heure et après un saut temporel de quinze ans, les choses se gâtent cependant sérieusement ! La narration vire dangereusement vers le grotesque à plusieurs reprises, au point de rendre l'intrigue sur les jeux de pouvoir et d'influences complètement boursouflée. Les séquences ridicules se succèdent alors à une vitesse désolante. Que ce soit l'évocation très molle et appuyée par des symboles animaliers voyants de l'invasion napoléonienne ou le personnage d'Inés qui erre comme une folle dans les rues à la recherche de la maison familiale, les occasions ne manquent pas pour déplorer une narration de moins en moins maîtrisée. Même la surdité du personnage titre est traitée d'une façon fort bancale, lorsqu'on entend par exemple les bruits environnants, mais pas les coups contre la porte d'Inés. Il vaut également mieux ranger tout espoir d'une fluidité majestueuse du rythme, puisque la narration devient de plus en plus arbitraire et chahutée au cours de la dernière heure. Un peu comme l'emploi de la langue espagnole, qui apparaît et disparaît sans raison perceptible.
Enfin, l'interprétation laisse de même plutôt à désirer. Outre le jeu caricatural de Bardem, Stellan Skarsgard ne fait pas non plus dans la finesse. Et les fans de Natalie Portman, dont notre cher Mulder, ferront mieux de quitter la salle au bout de la première heure, puisque l'actrice est par la suite affublée d'un maquillage ou de fausses dents tous les deux extrêmement hideux.
Un film de Milos Forman, dont la partie la plus passionnante est une séquence décrivant la fabrication des gravures de Goya, n'est certainement pas une source de joie ou de satisfaction. Espérons donc que le réalisateur saura retrouver sa forme habituelle après cet échec en demi-teintes.

Vu le 30 juillet 2007, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: