4 mois, 3 semaines et 2 jours

4 mois, 3 semaines et 2 jours
Titre original:4 mois, 3 semaines et 2 jours
Réalisateur:Cristian Mungiu
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:29 août 2007
Note:
Roumanie, 1987. L'avortement est interdit par le régime communiste depuis vingt ans, afin d'augmenter la main d'oeuvre disciplinée. Gabita, une jeune étudiante, veut quand même mettre un terme à sa grossesse. Avec l'aide d'Otilia, sa camarade de chambre au foyer des étudiantes, elle a contacté un certain Monsieur Bébé, qui va procéder à l'intervention dans une chambre d'hôtel.

Critique de Tootpadu

La simplicité fait la force de ce lauréat roumain de la Palme d'or cette année à Cannes. Ou peut-être qu'il vaudrait mieux parler d'une impression de simplicité, tellement les longs plans séquences ont dû être difficiles à mettre en place. Toujours est-il que la narration en gagne considérablement, au point d'atteindre une illusion de réalité et une intensité émotionnelle redoutables. L'absence de fioritures inutiles permet également au scénario de garder une neutralité de jugement qui ne fait qu'accroître le malaise que le film distille magistralement.
Car 4 mois, 3 semaines et 2 jours a beau être un film poignant et important, il n'en est pas pour autant facile à regarder. On aimerait tant se dérober au destin glauque qui attend les filles dans la chambre d'hôtel, dont les ravages psychologiques sont encore plus insupportables que les séquelles physiques, mais Cristian Mungiu ne nous épargne aucune étape de la démarche précaire qu'est chaque avortement. C'est alors surtout la banalité de l'histoire qui frappe, ainsi que la découverte d'une organisation sociale, depuis disparue, qui entretient des rapports pour le moins curieux. L'introduction dans le foyer procède ainsi à la présentation excellente, aussi anodine que précise, d'une société dont les valeurs ont été quelque peu perverties par un régime nombriliste.
Enfin, l'interprétation est du même calibre exceptionnel que la mise en scène incroyablement concentrée de Cristian Mungiu. Anamaria Marinca dans le rôle d'Otilia réussit un tour de force impressionnant, alors qu'elle n'est à la base que l'assistante à l'événement central. Ce qui démontre une fois de plus à quel point un avortement, surtout lorsqu'il est entrepris dans des circonstances aussi désolantes, touche toujours aussi d'autres personnes que la mère.

Vu le 27 juillet 2007, au Cinéma du Panthéon, en VO

Note de Tootpadu: