7h58 ce samedi-là

7h58 ce samedi-là
Titre original:7h58 ce samedi-là
Réalisateur:Sidney Lumet
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:26 septembre 2007
Note:
Les frères Andy et Hank Hanson ont des problèmes d'argent. Tandis qu'Andy, un agent immobilier véreux, rêve de partir au Brésil avec sa femme Gina, Hank a du mal à payer les pensions alimentaires pour son ex-femme et sa fille. Andy propose alors un plan infaillible pour résoudre leurs soucis de trésorerie : cambrioler la petite bijouterie de leurs parents, située dans un centre commercial calme de la banlieue, un samedi matin. Mais ce casse sans risque ne se déroule pas du tout comme prévu.

Critique de Tootpadu

N'est pas un Manoel De Oliveira ou un Eric Rohmer qui le veut ! Passé les 80 ans, la plupart des cinéastes encore en vie profitent en effet de leur retraite ou posent comme des éminences d'une époque révolue, à la Robert Wise. Sidney Lumet fait un peu tache dans ce tableau, puisqu'il s'acharne à tourner assez régulièrement des films. Peu lui importe, il paraît, que son dernier film réussi date d'il y a dix ans, et que Hollywood a déjà pris soin de ses velléités de reconnaissance avec un Oscar d'honneur il y a deux ans. Son nouveau film, qui sort en première mondiale en France, n'ajoute en tout cas rien d'essentiel à une filmographie en dents de scie, qui avait pourtant connu ses heures de gloire.
La lourdeur du récit est le premier obstacle à l'appréciation d'une histoire sombre et peuplée de personnages antipathiques. A partir du moment clé du cambriolage foireux, la narration de Lumet s'étale en forme d'étoile, en épousant tour à tour le point de vue des différents protagonistes. Cette astuce prend très rapidement l'allure d'un gadget gratuit, ne serait-ce qu'à cause du dispositif répétitif et tapageur, pour ne pas écrire daté, qui introduit chaque changement de perspective et chaque retour en arrière. La trame de plus en plus décousue ne respecte même pas les quelques règles de linéarité, qui sont censé donner une unité relative au film. Très vite, le récit morcelé perd toute justification et il n'existe alors plus que pour donner l'illusion d'une complexité factice. Car cette histoire d'une famille faite d'hommes frustrés et de femmes impuissantes qui s'entre-déchire n'a au fond rien d'original.
A moins que tout le bagage pesant de la narration ne soit employé que pour occulter tant soit peu les déficiences du scénario. Difficile en fait de trouver l'origine de ce cercle vicieux entre la mise en scène alambiquée et le scénario trop éparpillé. Aucun personnage n'atteint un degré d'épaisseur qui le rendrait intéressant au delà de sa médiocrité inhérente. Alors que tout le monde se rabaisse comme il peut, cette déchéance collective n'a rien de tragique. Il lui manque la moindre valeur rédemptrice. Du coup, la brochette d'acteurs très prestigieuse n'a pas de soutien valable pour l'interprétation. Une lacune qui fait surtout de la peine pour Albert Finney, constamment aigri, et pour Marisa Tomei, presque constamment déshabillée dans son emploi d'outil sexuel sans volonté propre. Même la courte apparition de Michael Shannon, décidément très demandé ces temps-ci, fait plus d'effet que le jeu passif de Philip Seymour Hoffman ou celui, névrosé, d'Ethan Hawke.
Le thème musical récurrent de Carter Burwell a beau être répétitif, il constitue peut-être le seul élément d'un film très inégal capable de donner un ton palpable à cette histoire fatiguée.

Vu le 24 juillet 2007, à la Salle UGC, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les petits thriller qui font regretter les années 70, les montages ratés, le rythme lent de nos bons vieux films. 7h58 est donc un bel hommage à ces vieux films, qui tirent le maximum d'un scénario misérable. Ici, tout repose sur le jeux de quatre acteurs performants : Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney et une revenante, Marisa Tomei, toujours aussi superbe qu'elle est restée dans nos mémoires de cinéphages.

Ce thriller familial est aussi une machine infernale aux ressorts dramatiques parfaitement maitrisé. Sidney Lumet procède ainsi par d'incessants changements de points de vue, concrètement marqués par les variations d'angle des caméras à partir d'une même scène, sans jamais perdre le rythme d'enfer d'un scénario élaboré. A 83 ans, il montre qu'il faut toujours compter sur lui, en conjuguant habilement drame et thriller.

Cependant, le film est un tantinet trop longuet pour nous satisfaire pleinement. De plus, le montage nous faisant avancer et remonter aléatoirement est très mal maitrisé, comparé à l'excellent Memento. N'est pas Christopher Nolan qui veut !

Vu le 28 septembre 2007, au Gaumont Disney Village, en VF

Note de Mulder: