Cartouches gauloises

Cartouches gauloises
Titre original:Cartouches gauloises
Réalisateur:Mehdi Charef
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:08 août 2007
Note:
L'Algérie, l'été 1962. A quelques mois de l'indépendance, les atrocités des deux côtés se multiplient. Ali, 10 ans, voit la fin de la guerre de près : avec son père qui a rejoint les combattants clandestins, avec ses amis français qui quittent le pays l'un après l'autre, et avec son meilleur copain Nicolas, qui jure de ne jamais partir.

Critique de Tootpadu

L'enfance et la guerre. L'avantage d'être relativement préservé et de ne pas encore devoir choisir son camp contre l'inconvénient d'être le maillon faible, qui se fait ballotter au gré d'impératifs et de caprices adultes, et d'apprendre la vie et la mort rudement. L'histoire que Mehdi Charef nous conte dans son septième film est autant autobiographique qu'universelle. Mais c'est sans doute parce qu'il y évoque des souvenirs restés tellement vifs et douloureux que son récit prend une charge émotionnelle exceptionnelle. Ainsi, Cartouches gauloises se positionne magistralement à la frontière entre l'enfance et l'adolescence, entre les derniers sursauts d'une guerre déjà perdue et une indépendance brutalement muselée.
La chronique d'un été pas comme les autres procède par petites touches qui forment, à la manière d'un puzzle, un aperçu global des conflits d'intérêt, des incertitudes et des souffrances, le tout du point de vue guère innocent de l'enfant. L'exploit majeur de Mehdi Charef, à la fois responsable du scénario et de la mise en scène, consiste à trouver constamment le ton juste. Les joies et les peines se succèdent sans relâche, si elles ne coexistent pas au sein d'une même séquence, mais ces deux manifestations fondamentales de la vie se présentent sans la moindre complaisance. Ce qui ne veut pas dire que Charef ne peint que dans un gris mou et distant à force de prétendre au discours soigneusement pesé. Au contraire, la violence des deux camps est montrée crûment, comme pour souligner encore l'impuissance et l'horreur que son jeune héros doit éprouver face à cette barbarie à laquelle on n'est jamais préparé, peu importe l'âge.
A ce sujet, Charef a trouvé un des jeunes comédiens les plus naturellement expressifs en la personne de Hamada, simplement magnifique dans le rôle principal d'Ali. Très habilement soutenu par une réalisation dépourvue d'effusions superflues, ce jeune acteur habite puissamment, mais sans excès, son rôle. Tout comme son metteur en scène, Hamada évite toute fausse note et tout moment artificiellement attendrissant pour créer ce que nous sommes bien tentés de considérer comme l'interprétation d'enfant la plus aboutie depuis très, très longtemps !

Vu le 10 juillet 2007, à la Salle Pathé Lincoln

Note de Tootpadu: