Amours d'Astrée et de Céladon (Les)

Amours d'Astrée et de Céladon (Les)
Titre original:Amours d'Astrée et de Céladon (Les)
Réalisateur:Eric Rohmer
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:05 septembre 2007
Note:
Au Vème siècle, le berger Céladon et la bergère Astrée s'aiment d'un amour pur depuis leur adolescence. Afin de duper ses parents, qui désapprouvent de la famille d'Astrée, Céladon fait croire qu'il est épris d'une autre, au cours d'une fête familiale et à la demande expresse de sa bien-aimée. Mais lorsqu'Astrée voit de loin que cette tromperie factice prend un air plus sérieux, elle répudie Céladon en lui disant qu'elle ne veut plus jamais le voir. Dépité, Céladon se jette alors dans les flots de la rivière. Considéré comme noyé par ses proches, il est cependant recueilli par Galatée, qui veut garder ce beau jeune homme pour elle seule.

Critique de Tootpadu

A désormais 87 ans, Eric Rohmer se met à la poursuite de Manoel De Oliveira pour le titre de doyen du cinéma mondial. Comme le vieux maître portugais, cet enfant atypique de la Nouvelle Vague opte de plus en plus pour des histoires universelles, qui se placent à l'écart du cinéma contemporain. Grâce à des décors anciens ou naturels, Rohmer peut se permettre un formidable tour d'horizon philosophique, dont les valeurs anciennes résonnent curieusement dans notre époque empreinte du stress de la modernité.
Simple, mais pas austère, sa mise en scène s'appuie comme toujours principalement sur des répliques magistralement écrites. La mélodie à la fois érudite et plaisante de ces échanges verbaux emmène le spectateur une fois de plus dans un univers cinématographique aussi personnel que passionnant. Le naturel du cadre et du jeux crée en effet une interaction des plus stimulantes avec les discours profonds sur la vie, l'amour et les bergères. C'est comme s'il fallait une pureté de l'exécution pour rendre le langage et les idées d'antan accessibles à un public un minimum curieux.
Cependant, Les Amours d'Astrée et de Céladon n'est nullement un film sans joie de vivre et sans passion charnelle. En dehors des saynètes du berger hédoniste, qui fournissent une alternative joyeusement vaine à l'expression sérieuse des valeurs de ses confrères, le désir de Céladon de retrouver malgré tout Astrée, peu importe les ruses qu'il lui faudra inventer pour y arriver, garantit à la deuxième moitié du film une gaieté tout à fait réjouissante. Une insouciance qui fait écho à la sobriété naturaliste de la première partie de ce film inhabituel dans le contexte de la production cinématographique actuelle, mais tout à l'honneur d'un réalisateur d'une immense maturité, qui ne s'est jamais soucié des modes et du commerce.

Vu le 21 juin 2007, au Planet Hollywood Champs-Elysées

Note de Tootpadu: