
Titre original: | Question humaine (La) |
Réalisateur: | Nicolas Klotz |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 140 minutes |
Date: | 12 septembre 2007 |
Note: | |
Psychologue au département des ressources humaines d'une multi-nationale, Simon a su s'imposer au sein de l'entreprise, grâce à sa rigueur lors d'une récente restructuration. Ce sont ces qualités qui le prédestinent à une enquête sur le PDG de la filiale parisienne, que lui confie le directeur adjoint, Karl Rose. Le patron du complexe pétrochimique, Mathias Jüst, s'est en effet fait remarquer par un comportement qui laisse supposer des troubles mentaux graves.
Critique de Tootpadu
Le monde du travail est un univers suffisamment rude et diversifié dans ses petites perversions de la nature humaine, pour qu'un seul film, aussi long soit-il, ne puisse venir à bout de son pouvoir de fascination déprimant. Au début, cette étude sociale sans fard montre avec une précision qui fait froid dans le dos, à quel point nous sommes aliénés par l'idéologie de la performance professionnelle à tout prix. La délation, les coups miteux entre collègues, la soif dévorante d'une progression rapide au sein de l'entreprise, ce sont là des points déplaisants devant lesquels Nicolas Klotz ne recule point. Il rend même leur caractère inhumain encore plus éprouvant à travers un découpage rigoureux et un regard d'une neutralité distante.
Et puis, simultanément, le récit bascule vers le trip et s'engouffre dans l'évocation d'un passé sombre. Pendant que le personnage principal perd progressivement ses repères, la charge du métier est remplacé par le poids des méfaits d'antan. Cette réorientation de l'histoire ne se fait pas sans heurts, surtout parce que l'originalité relative du regard sur la mécanique usante d'une multi-nationale se fait supplanter par une vieille histoire de persécution nazie. La capacité du réalisateur d'être percutant avec une économie de moyens appréciable trouve là ses limites prématurées. Autant le sérieux de la première partie du film participait activement à son aspect volontairement froid et inhospitalier, autant la gravité des faits évoqués dans la deuxième moitié finit par paraître lourde et répétitive. Ainsi, ni le monologue intense de Lou Castel, ni les implications assez nébuleuses dans les crimes nazis ne créent un malaise aussi profond que l'ambiance qui règne dans les bureaux de la SC Farb.
Enfin, c'est l'excellence de l'interprétation qui confère un semblant d'unité au film. Plus encore que Mathieu Amalric, très inspiré comme d'habitude, ce sont les seconds rôles qui soutiennent durablement La Question humaine. Jean-Pierre Kalfon qui montre son vrai visage au cours du deuxième entretien, Michael Lonsdale qui prouve tout aussi bien à quel point la perception et la vérité peuvent être falsifiées, et surtout Edith Scob, dont la nuque n'a jamais été filmée avec autant de sensualité, sont les valeurs sûres d'un film qui a malheureusement tendance à s'égarer un peu au fil du temps.
Vu le 12 juin 2007, au Publicis Cinémas, Salle 2
Note de Tootpadu: