Sunshine

Sunshine
Titre original:Sunshine
Réalisateur:Danny Boyle
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:11 avril 2007
Note:
En 2057, le soleil est sur le point de s'éteindre. Depuis la terre, la mission Icarus II est en route, afin de planter une forte charge explosive au coeur du soleil. Les sept scientifiques à bord ont l'obligation de réussir là où leurs prédécesseurs, la mission Icarus I partie sept ans plus tôt, ont échoué. Il en va de l'avenir de l'humanité.

Critique de Tootpadu

Il existe deux films au sein de cette aventure spatiale d'abord haletante et ensuite de plus en plus énervante. Cette rupture se fait d'une façon tellement nette que tous les règles et enjeux établis au cours de la première heure perdent brutalement leur validité, au profit d'un délire venu d'une autre galaxie.
Les deux premiers actes affichent par contre une précision et une fière allure technologique tout à fait prenantes. Même si chaque étape du vol d'approche vers le soleil se lit comme une énième référence aux films de science-fiction antérieurs (impossible de ne pas penser à Mission to Mars ou Solaris), l'excitation demeure fermement canalisé par un ton et un raisonnement scientifiquement sobres. En effet, l'échange entre l'aspect factuel, la dimension humaine et l'éclat visuel lumineux de l'entreprise produit une tension narrative agréablement éloignéé des histoires hollywoodiennes, exclusivement préoccupées par l'action. Citons Fusion comme exemple caricatural d'une application trop sommaire de la recette des scientifiques sauveurs de la planète. Hélas, les jeux de lumière astucieux de Danny Boyle et l'anticipation grandissante quant à la finalité et au dénouement de la mission subissent un coup d'arrêt douloureux, lors du passage au troisième acte.
Evidemment, nous n'allons pas vous révéler la source du revirement cataclysmique qui entraîne avec lui tout le film, si ce n'est dans sa perte, au moins dans une direction plutôt décevante. Il faut croire que le distributeur considère cet élément du scénario suffisamment crucial pour mettre explicitement en garde contre sa révélation. Mais le basculement irrémédiable vers quelque chose de plus abstrait peut déjà être perçu avant son apparition, dès que le réalisateur s'évertue à parsemer son film d'images subliminales. Le franchissement du seuil de la raison, qui avait dirigé avec tant d'élégance la première partie du film, dément tout ce qu'on a pu voir auparavant, sans que cette descente vers le film d'horreur psychédélique ne fournisse une conclusion ou de nouvelles interrogations satisfaisantes.
Avec cette dernière demi-heure de plus en plus aberrante, Danny Boyle paraît vouloir suivre l'illustre Stanley Kubrick dans son long énigme de 2001 - L'odyssée de l'espace. Seulement, le style visuel de plus en plus alambiqué et l'intrigue qui part joyeusement en vrille transportent le film à l'autre extrémité du spectre cinématographique : vers une prétention à laquelle il manque le moindre fond pour soutenir le délire général.

Vu le 22 mars 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: