Si le vent soulève les sables

Si le vent soulève les sables
Titre original:Si le vent soulève les sables
Réalisateur:Marion Hänsel
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:02 mai 2007
Note:
La sécheresse chasse Rahne et sa famille du village. Alors que la plupart des habitants s'exilent vers le sud, Rahne décide de tenter la route vers l'est, afin de trouver de l'eau de l'autre côté du désert blanc. La route est longue et incertaine, pauvre en points d'eau et peuplée de voleurs et de militaires pour le moins fourbes. Petit à petit, le convoi avec lequel Rahne était parti, fait de bétaille, de ses fils Ravil et Ako, de sa femme Mouna et leur jeune fille Shasha, et d'une autre famille du village, se désagrège.

Critique de Tootpadu

Depuis son magnifique Dust avec Jane Birkin et Trevor Howard, il y a vingt ans déjà, nous avions quelque peu perdu de vue la réalisatrice basée en Belgique Marion Hänsel. Grand mal nous en a pris, comme le montre ce conte minimaliste, mais oh combien poignant, sur l'odyssée d'une famille africaine.
La précision avec laquelle Marion Hänsel évoque ce périple des plus communs, dans sa misère et son incapacité d'y présenter une issue viable, est bluffante. Comme dans les meilleurs films qui se déroulent dans le désert, à savoir Lawrence d'Arabie de David Lean et Beau travail de Claire Denis, elle trouve le ton juste entre l'aridité majestueuse du décor et le combat désespéré pour la survie qu'elle déclenche. Les couleurs saturées des habits et la lumière étincelante du soleil qui se brise sur les rochers, et qui donnent un aspect visuel typiquement africain, insistent magistralement, en tant que contraste, sur le désarroi qui accable de plus en plus la famille de Rahne.
La déroute des protagonistes, qui se termine le plus souvent par la mort, n'est cependant point traitée avec une emphase grandiloquente. Au contraire, la retenue du ton et du jeu des acteurs, notamment d'Issaka Sawadogo, l'anti-Djimon Hounsou par excellence, apportent une sincérité et un impact émotionnel hors pair.
Loin des sentiers battus d'une dramaturgie hollywoodienne conventionnelle, la réalisatrice évoque avec beaucoup de sincérité et une assurance plastique sans la moindre faille le sort de milliers, voire de millions de réfugiés, qui demeurent surtout sur le continent africain les laissés-pour-compte d'un monde qui change.

Vu le 19 mars 2007, au Club de l'Etoile

Note de Tootpadu: