Titre original: | 300 |
Réalisateur: | Zack Snyder |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 117 minutes |
Date: | 21 mars 2007 |
Note: | |
En l'an 480 avant J.C., le roi perse et dieu auto-proclamé Xerxès avance avec son armée immense vers la Grèce. Aux Spartiates, un peuple de vaillants guerriers, il laisse le choix entre la soumission ou l'anéantissement. Léonidas, le roi de Sparte, refuse de s'agenouiller devant le pouvoir étranger. Contre l'avis de l'oracle et du conseil, il emmène trois cents des soldats spartiates les plus courageux, afin de livrer une bataille féroce à l'armée de Xerxès, au passage montagneux des Thermopyles.
Critique de Tootpadu
Du sang, du sang et encore du sang. C'est à peu près tout ce que ce péplum savamment stylisé a à offrir. Le réalisateur Zack Snyder paraît en effet tellement fasciné par le massacre successif des Perses et des Spartiates, qu'il en oublie largement de construire une histoire au moins en apparence originale. 300, qui conquérira sans doute les spectateurs à travers le monde, après ses débuts impressionnants au box-office américain, excelle autant dans les fioritures formelles les plus voyantes, qu'il peine à évoquer autre chose que les thèmes à l'ordre du jour des épopées les plus consensuelles de ces dix dernières années.
Rien n'est laissé au hasard dans cette oeuvre aux moyens stylistiques lourds, voire encombrants. Tourné en studio, avec des décors imposants créés par ordinateur, le film respire l'artifice à chaque instant, probablement en hommage à la bande dessinée de Frank Miller de laquelle il s'inspire. Les couleurs sombres, les jeux de lumière accentués et les effets supplémentaires, comme la neige lors de la séquence d'initiation de Léonidas, donnent un aspect trop travaillé et trop calculé au film. Pas assez de cette surcharge visuelle incessante, qui se positionne parfois dangereusement proche de l'esthétique d'une publicité Nescafé (l'oracle et la nuit d'amour entre Léonidas et sa femme Gorgo), les deux outils formels les moins ingénieux, la voix off et le ralenti, sont employés sans la moindre retenue. Enfin, la bande originale, qui alterne régulièrement entre quelques mesures très rocks et des thèmes à l'emphase épique, est tout à fait symptomatique de ce mélange en fin de compte indigeste des formes qui rend le film plutôt insatisfaisant.
La peau de chagrin d'une histoire qui se cache derrière l'exagération perpétuelle de la forme n'est pas non plus faite pour nous réconcilier avec 300. A mi-chemin entre la quête de la liberté exacerbée d'un Braveheart et les champs de blé si faussement évocateurs des tragédies familiales d'un Gladiator, le scénario s'évertue à mâcher le travail au spectateur. Au delà d'une réplique qui préfigure inutilement la suite (la crainte de Léonidas de la découverte du passage secret par Xerxès) ou d'un plan qui confirme grossièrement ce que l'on vient de voir (le sourire sur les lèvres de Théron pendant le discours de Gorgo devant le conseil), le penchant du scénario vers la trivialité et la célébration de valeurs primaires ne se dément jamais.
Par contre, la lecture de l'intrigue, au cours de laquelle des milliers de Perses sont sauvagement et gratuitement massacrés, dans le contexte international actuel est particulièrement épineuse. L'assimilation des Perses aux forces terroristes arabes qui menacent, plus ou moins concrètement, les intérêts occidentaux, est en effet aisée. Ce qui laisserait aux Spartiates, et à leurs successeurs logiques, les Américains imbus de leur hégémonie et de leur style de vie supérieur, le beau rôle des champions de la liberté. Autant dire que l'idéologie qui sous-tend le film n'est pas plus séduisante que sa forme pompeuse.
Vu le 15 mars 2007, à la Salle Warner, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
300 est l'adaptation du roman graphique homonyme de Frank Miller évoquant la bataille des Thermopyles en 480 avant Jésus Christ. D'abord dévoilé sous forme de série par Dark horse Comics, le roman a été publié en entier pour la première fois en 1999. Zack Snyder qui avait marqué nos mémoires par son remake d'un film culte de Romero (L'armée des morts), vient de signer là un des films les plus impressionnants d'heroic fantasy arrivant même à surpasser Gladiator par ses combats.
Non seulement 300 arrive à mélanger avec succès la reconstitution historique, le péplum mythologique, le film de guerre, mais le film est une véritable réussite sur le plan visuel et nous permet de rentrer directement dans le comics culte de Frank Miller. Zack Snyder montre qu'avec un budget réduit (85 millions de budget contre 250 pour Spider-man 3), il réussit à imposer par ce film, l'une des meilleurs adaptations de comics sur grand écran. Autant les premières adaptations de Miller au cinéma nous avaient pas totalement convaincus (Robocop 2, ... Sin City), autant 300 s'impose ici par un choc violent de plans (la photographie de Larry Fong est réellement sublime) et par des scènes de combats non répétitives et magistralement chorégraphiées.
Certains trouveront cependant le film répétitif par sa succession non stop de scènes de combat et par son scénario guère développé. Mais ils passeront devant la réelle substance de ce film qui est d’adapter fidèlement un comics d'un des plus grands dessinateurs de comics actuels. Ici, guère de sentiments douillets, place à une violence graphique où le sang est présent partout et où les héros meurent brillamment. On pourra voir dans ce film un hymne à la Résistance, un hymne à la liberté.
Ce film est donc un phénomène à voir absolument sur grand écran afin d'en apprécier toute la force, la brutalité et d’en prendre plein les yeux.
Note de Mulder: