
Titre original: | Jesus Camp |
Réalisateur: | Heidi Ewing, Rachel Grady |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 85 minutes |
Date: | 18 avril 2007 |
Note: | |
Aux Etats-Unis, presque 100 millions de personnes appartiennent à des églises chrétiennes évangéliques. Parmi elles, Betty Fisher, de confession pentecôtiste, qui travaille de façon concentrée et en tant que pasteur avec des enfants. Chaque année, elle organise une retraite en Caroline du Nord, le Jesus Camp, où les jeunes chrétiens évangéliques sont préparés aux défis et aux tentations de la vie adulte.
Critique de Tootpadu
L'intégrisme religieux, peu importe qu'il soit d'origine chrétienne, islamique, juive ou autre, constitue depuis toujours un danger pour toute forme de pensée et de société laïques et modérées. S'en remettre aveuglement aux doctrines et aux croyances de son église, c'est ignorer volontairement les progrès scientifiques et sociaux des siècles passés. Cet état d'esprit se résume parfaitement dans une phrase de la mère d'un des gamins endoctrinés : croire en un Dieu tout puissant, c'est d'avoir la seule réponse possible à chaque question. La seule réponse peut-être, avons-nous envie de rétorquer, mais certainement la réponse la plus facile, qui organise le monde selon des schémas simplistes, gouvernés par un état d'esprit catégorique et particulièrement borné.
Ce documentaire, qui suit trois enfants au cours de leur formatage dans le but de devenir des guerriers de Dieu, a de quoi faire froid dans le dos. Surtout pour quelqu'un comme nous, qui avait côtoyé de près une déclinaison du mouvement évangélique en France dans le passé. Cette manière de tout ramener à Dieu et de voir chaque moment de notre existence comme une épreuve dans le combat qui règne sur notre terre entre le bien et le mal, cela nous rappelle de curieux souvenirs. Heureusement que nous avions échappé à l'histoire des langues, une manifestation irréfutable de l'état d'illumination préoccupant de ces gens fanatiques. Toujours est-il que les deux réalisatrices ont bien su capter l'essence de ce mouvement d'individus forcenés, à l'hyperactivité, notamment de la part des enfants, inquiétante.
Formellement, leur documentaire reste cependant à la traîne par rapport à son sujet à fort caractère brûlant. Même l'inclusion du commentateur de radio, un chrétien bien plus réfléchi que les zélateurs agités qui peuplent le film, n'apporte pas de contrepoint suffisamment fort pour mettre le mouvement évangélique en perspective. De même, les informations transmises à travers des textes et les longs plans de la campagne américaine laissent le documentaire planer dans une torpeur qui sied mal à la nature potentiellement dangereuse de l'intégrisme chrétien.
Vu le 13 mars 2007, à la Salle Pathé François 1er, en VO
Note de Tootpadu: