Cité interdite (La)

Cité interdite (La)
Titre original:Cité interdite (La)
Réalisateur:Zhang Yimou
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:14 mars 2007
Note:
En Chine, au Xème siècle, sous la dynastie Tang. L'empereur Ping vient de rentrer au palais impérial, après une longue absence. Son fils cadet, le prince Jai, l'avait accompagné sur les champs de bataille, dans l'espoir de prendre un jour la place de son demi-frère, le prince héritier Wan. La femme de l'empereur, l'impératrice Phoenix, souffre d'anémie depuis de longues années. Le remède que son mari lui a prescrit n'a guère d'effet, au contraire. L'état de Phoenix s'aggrave de jour en jour, bien qu'elle prenne docilement les doses préparées par le médecin de l'empereur et sa fille. Elle se doute d'une tentative d'empoisonnement, mais elle prépare également de son côté une révolte qui est censé éclater lors de la fête des chrysanthèmes.

Critique de Tootpadu

Zhang Yimou n'arrêtera sans doute jamais de nous étonner. Après un début de carrière phénoménal, qui a à lui seul mis la Chine sur la carte du cinéma mondial à la fin des années 1980, et une période un peu moins flamboyante pendant les dix ans qui ont suivi, le réalisateur chinois avait reconquis toute notre admiration, et celle du public international, avec son wu xia pian magistral Hero. Une embellie qui avait toutes les caractéristiques d'un dernier éclat de génie passager, tellement sa suite dans le même genre (Le Secret des poignards volants) reposait entièrement sur des prouesses visuelles, sans enjeux narratifs notables. Et son avant-dernier film, Riding Alone For Thousands of Miles, n'a même pas eu les honneurs d'une sortie dans les salles françaises.
Ce festin suprême pour les yeux prouve, pour notre plus grand bonheur, qu'il faut toujours compter sur Zhang Yimou, lorsqu'il s'agit d'évoquer des intrigues épiques et anciennes à travers un style visuel à couper le souffle. L'émerveillement de notre rétine ne s'arrête jamais, face aux décors et aux costumes d'une somptuosité très, très rarement égalée. La photo capte ce mélange minutieusement étudié des couleurs avec une brillance qui laisse constamment bouche bée. Et la musique et le montage, sans oublier les effets spéciaux très bien maîtrisés, rythment cette fresque imposante avec une subtilité et une liberté artistique très surprenantes dans le contexte d'une production aux impératifs logistiques aussi lourds.
Techniquement, La Cité interdite figure donc au sommet de ce qui peut se faire de nos jours au cinéma à travers le monde. Mais cette excellence du cadre fait partie intégrante de l'histoire, une évocation sombre des complots à la cour impériale. Du choc entre la magnificence du paraître et la noirceur de l'être, Zhang Yimou tire une histoire en tous points fascinante et riche en revirements tragiques. Si ce n'était pour l'absence du chant, son film aurait l'allure d'un opéra crépusculaire.
Grâce au cadre soigné jusqu'à la perfection et au ton dramatique, parfois au bord de la grandiloquence, La Cité interdite fait figure de spectacle complet, d'un faste que l'on ne voit point tous les jours. Moins aéré et sentimental que Hero, il persévère pourtant dans l'exploration majestueuse de l'histoire de Chine.

Vu le 2 mars 2007, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: