Golden Door

Golden Door
Titre original:Golden Door
Réalisateur:Emanuele Crialese
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:21 mars 2007
Note:
Au début du XXème siècle, le paysan sicilien Salvatore Mancuso part pour l'Amérique avec ses deux fils et sa vieille mère. Fatigué de la vie rude en Sicile, il espère retrouver son frère jumeau dans le Nouveau monde, un pays rêvé dont il a vu des photos inimaginables. Avant d'embarquer sur le bateau qui doit partir pour Ellis Island, Lucy Reed, une Anglaise mystérieuse, se joint à la famille Mancuso.

Critique de Tootpadu

Emanuele Crialese dispose indubitablement d'un talent visuel hors norme. Dans son troisième film, certains plans dégagent ainsi une force picturale qui les rapproche de tableaux classiques sur l'exode vers la terre promise. Le départ du village sous un ciel chargé ou l'appareillage du paquebot, ces moments décisifs dans un long voyage périlleux peuvent servir d'exemple pour cette maestria plastique. Le réalisateur fait ainsi largement confiance au pouvoir évocateur de ses images, tout comme dans son film précédent, Respiro, dont les prises saisissantes de l'île sicilienne de Lampedusa étaient l'atout majeur.
Au niveau de la narration, le trait est un peu moins brillant. Agencé en trois mouvements équilibrés, les préparatifs du voyage, la traversée et l'attente sur Ellis Island, le récit avance certes à un rythme très convenable. Mais le cadre sophistiqué, voire épique, de l'histoire préserve une distance trop grande envers les personnages. Plus préoccupé à sonder les différentes situations du parcours de l'immigrant qu'à analyser ses motivations et ses états d'âme, le film se dresse avant tout en leçon d'histoire somptueuse. Le drame humain au niveau individuel reste par contre plutôt flou, à l'image de la famille Mancuso qui sert principalement d'entité stéréotypée dans le parcours du combattant immigrant.
Pour élever la dure réalité de l'exode à un niveau plus abstrait, Emanuele Crialese a recours à de courtes séquences mi-oniriques, mi-ironiques. L'évocation des rêves qu'inspire l'imaginaire américain opère d'une façon plutôt gênante, dans le contexte d'un film qui s'emploie avec beaucoup de soin à reconstruire jusqu'au moindre détail une époque révolue. Toutefois, ces lacs de lait dans lesquels s'ébattent les immigrés tel des insectes pris au piège d'un idéal illusoire à la fin, dans le dernier plan fort évocateur du film, ne renvoient pas sans connotation critique l'image de l'Amérique en tant que terre d'accueil parfaite.

Vu le 20 février 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: