
Titre original: | Enragés (Les) |
Réalisateur: | Detlev Buck |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 99 minutes |
Date: | 28 mars 2007 |
Note: | |
Mis à la porte par l'ami fortuné de sa mère, le jeune Michael Polischka doit s'installer avec cette dernière dans le quartier populaire de Neukölln. A l'école, il est vite repéré par la bande d'Erol qui le rackette et le tabasse. Michael subit stoïquement cette persécution, contre laquelle ses deux nouveaux amis, les frères Crille et Matze, sont tout aussi impuissants. Mais ce ne sont pas uniquement les vandales qui ont remarqué Polischka, puisque Hamal, le parrain du quartier, s'intéresse également à l'adolescent au visage honnête.
Critique de Tootpadu
La descente aux enfers d'une métropole n'aurait pas pu être plus inquiétante et intense, et en même temps finement stylisée, que dans ce film allemand, présenté au festival de Berlin l'année passée. La crainte d'une nouvelle humiliation et la misère sociale dans toute sa fadeur y sont décrites avec une telle précision que l'existence de Michael devient rapidement plombante de désespoir et de leurres improbables.
Detlev Buck ne cherche jamais à enjoliver le scénario très sombre de Zoran Drvenkar et Gregor Tressnow. Il ne s'emploie point à souligner les implications psychologiques du comportement du jeune homme, comme l'absence évidente d'une figure paternelle et les tentatives de pallier ce manque. Non, tout n'est que du bruit et de la fureur dans les rapports que Michael entretient avec son environnement hostile. Les aspirations du héros n'ont ainsi rien de farfelu et l'apparentent même au rentier, comme le remarque si justement un de ses amis. Le vrai drame de cette génération sans repères et sans attaches se situe peut-être là : de ne pouvoir concevoir quoique ce soit de désirable dans leur vie, de ne rêver que du silence, c'est-à-dire du néant.
Les images au ton délavé et l'histoire à la brutalité gratuite extrêmement inquiétante n'aboutissent pas à une conclusion rassurante. Sans doute, ne le peuvent-elles pas, dans une jungle urbaine aux rapports de force flous et à l'avenir sombre. Les premiers pas de Michael au sein du crime organisé perturbent un peu la misère désespérante qui étranglait fermement l'arrivée du garçon dans le quartier populaire. Mais cette ascension sociale parallèle n'attenue en rien la résignation du personnage principal, ni sa colère, voire son dégoût, qu'il n'ose exprimer que face à des personnes qu'il juge inférieures ou inoffensives (sa mère, la police). Quant à l'humanité, elle ne se montre que rarement, lorsqu'il s'agit d'assurer sa survie au sein de l'organisation ou lorsque les mots manquent à Michael pour exprimer ses sentiments éventuels envers la fille du boucher.
Vu le 20 février 2007, au Club Publicis, en VO
Note de Tootpadu: