Good German (The)

Good German (The)
Titre original:Good German (The)
Réalisateur:Steven Soderbergh
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:14 février 2007
Note:
En juillet 1945, le correspondant de guerre Jacob Geismer arrive à Berlin, juste avant la conférence de paix à Potsdam. La ville a changé depuis que Geismer était le responsable d'un bureau de presse, avant la guerre. La véritable motivation pour le retour du journaliste est le désir de retrouver Lena, son enquêteuse préférée. Les retrouvailles ne se passent cependant pas comme prévu, puisque Lena est désormais la maîtresse de Patrick Tully, un opportuniste impliqué dans le marché noir qui est, comme par hasard, le chauffeur assigné à Geismer. Le temps de s'adapter à cette nouvelle situation, Geismer est impliqué dans des affaires louches qui constituent les dommages collatéraux du nouvel échiquier international, à la veille de la guerre froide.

Critique de Tootpadu

Steven Soderbergh peut être considéré comme un réalisateur au parcours parfait. Après des débuts fracassants, grâce à sa Palme d'or pour Sexe, mensonges et vidéo, et une période tournée prioritairement vers un cinéma marginal (Schizopolis), il a su alterner avec une aisance remarquable entre des films très commerciaux et des projets plus personnels. Alors que la franchise des aventures de Danny Ocean lui assure des revenues élevées, sans qu'il vende pour autant son âme d'artiste, l'estime qu'il a gagnée dans la profession à travers son oeuvre hétéroclite lui a permis de rassembler une troupe d'acteurs fidèles en guise de garants économiques pour ses expériences de cinéphile endurci.
The Good German s'inscrit ainsi parfaitement dans le cheminement artistique de Soderbergh, qui s'attaque à tout sujet à condition de pouvoir y explorer de nouveaux défis formels. Un hommage très fidèle aux films de l'après-guerre, cette histoire assume complètement son statut d'anachronisme au sein d'une époque qui privilégie la relecture ironique, voire parodique. Soderbergh ne vise par contre point la moquerie, ni l'hommage scintillant qui glorifie le passé à travers le prisme des avancées techniques du présent. Non, son projet est infiniment plus ambitieux, et vain en même temps : faire un film comme on en faisait à l'époque. Le seul véritable effet de style de ce film noir sombre est donc le grand saut temporel en arrière qu'il opère dès le générique, constitué exclusivement de prises d'archives. Tout ce qui suit peut paraître bizarre pour un spectateur nourri uniquement à l'esthétique visuelle du XXIème siècle. Mais la forme du film est le reflet fidèle d'une époque cinématographique, en plein essor du film noir cynique et du néoréalisme italien, qui n'est plus tellement d'actualité.
La question de la pertinence de cet exercice formel doit alors être posée. Certes, Soderbergh maîtrise parfaitement les conventions narratives d'antan, sans même parler de la splendeur de la photographie en noir et blanc. Et l'histoire ne manque pas d'intérêt, même si elle a tendance à se perdre, vers la fin, dans les dédales des coups tordus, dont chaque personnage paraît capable. D'ailleurs, il est plus étonnant de voir Tobey Maguire dans le rôle d'une vraie pourriture, que d'entendre George Clooney et Cate Blanchett parler allemand tant bien que mal. Toutefois, pour quiconque s'intéresse un peu à l'histoire du cinéma, les éléments exceptionnels sont rares, sauf peut-être la bande originale intéressante de Thomas Newman. Et l'aspect vieillot intentionnel du film l'apparente par conséquent plus aux films qui passent en continu à la Cinémathèque française ou sur TCM, qu'à une oeuvre formellement visionnaire, en phase avec son époque.

Vu le 8 février 2007, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu: