Au nom de la liberté

Au nom de la liberté
Titre original:Au nom de la liberté
Réalisateur:Phillip Noyce
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:28 février 2007
Note:
Au début des années 1980 en Afrique du Sud, Patrick Chamusso cherche à tout prix à garder profil bas. Malgré les lois discriminatoires de l'apartheid, il arrive à bien gagner sa vie en tant que contremaître à la raffinerie de pétrole de Secunda. Après un acte de terrorisme commis par l'ANC, l'organisation révolutionnaire et clandestine de la majorité noire du pays, Chamusso est arrêté par la police. Au bout de plusieurs jours d'interrogatoire musclé et de torture, orchestrés par le responsable de la police anti-terroriste Nic Vos, Chamusso est relâché. Il jure alors de se venger de cette humiliation envers sa famille, en s'engageant auprès de l'ANC.

Critique de Tootpadu

Avec chaque jour qui passe, l'apartheid appartient un peu plus à l'histoire ancienne. L'Afrique du Sud a en effet des problèmes plus pressants à régler, au lieu de revenir sans cesse sur la longue et sombre période de ségrégation raciale. Au cinéma, le cauchemar africain à l'ordre du jour est plutôt le génocide rwandais. Pourquoi alors revenir maintenant sur ce fait historique, qui était infiniment plus brûlant lors de la sortie de Cry Freedom, un film aussi bien intentionné que celui-ci ? Le seul parallèle que l'on pourrait établir avec l'actualité vingt ans plus tard, ce serait le cercle infernal de la violence, qui pousse des hommes et des femmes innocents à intégrer des structures terroristes. Mais de là à créer un lien avec la guerre que les Etats-Unis mènent depuis le 11 septembre 2001 contre des structures clandestines, c'est un pas téméraire que ce film trop sage n'ose même pas envisager.
Au nom de la liberté s'emploie davantage à la manipulation sentimentale la plus voyante, et par conséquent la moins efficace possible. Le manichéisme y règne comme le moteur suprême de l'action, quitte à négliger la crédibilité et les véritables enjeux dramatiques. C'est simple : le méchant est d'une perfidie sans bornes et au mieux un peu aigri, et le bon est idéaliste et courageux avec comme seul petit défaut une infidélité dans le passé. Prise au piège entre ces deux absolus inertes, la relation entre le bourreau et le prisonnier n'a aucune chance d'être approfondie au delà des conventions élémentaires du genre. Les rares occasions pour dénoncer la perversion du système et des méthodes de Vos, comme le déjeuner dominical auquel est convié Chamusso, passent, sans que la mise en scène sache en tirer quelque chose de pertinent.
Les séquences qui ne riment pas à grand-chose sont ainsi bien trop nombreuses. Phillip Noyce semble vouloir donner des accents de film d'action à sa réalisation, avant même que les personnages n'aient pris vie. Mais même ces moments censé être haletants, comme l'attentat final contre la raffinerie, sont désordonnés et inutilement bruyants. Les montages parallèles récurrents entre le monde de Chamusso et de Vos paraissent artificiels, au lieu d'apporter de la tension. Et la conclusion sur Mandela et l'homme sur lequel l'histoire du film est basé démasque le film pour ce qu'il est : une tentative de conte inspirant qui échoue cependant dans les tâches élémentaires de la narration cinématographique.

Vu le 18 janvier 2007, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: