Vie des autres (La)

Vie des autres (La)
Titre original:Vie des autres (La)
Réalisateur:Florian Henckel von Donnersmarck
Sortie:Cinéma
Durée:135 minutes
Date:31 janvier 2007
Note:
En 1984, dans la République démocratique d'Allemagne, le milieu littéraire et artistique de Berlin-Est a été soigneusement nettoyé par la Stasi, le ministère pour la sécurité d'Etat. Seul l'écrivain Georg Dreyman est au-dessus de tout soupçon. Le ministre de la culture Bruno Hempf ne partage pas cet avis, surtout parce qu'il convoite la compagne de Dreyman, l'actrice Christa-Maria Sieland. Il charge alors le lieutenant colonel Anton Grubitz d'assembler du matériel compromettant pour l'écrivain. Grubitz confie cette mission délicate et secrète à son ami, le capitaine Gerd Wiesler, un fonctionnaire exemplaire du ministère.

Critique de Tootpadu

L'Allemagne se débat vaillamment avec son passé au cinéma, un passé si lourd et honteux que d'autres nations, avec des exactions moins horribles, devraient s'inspirer de ce travail de réflexion exemplaire. Depuis des décennies, le cinéma allemand, ou au moins la partie de l'iceberg qui franchit les frontières, traitait en effet de la période nazi. Désormais, cette étape de l'auto-critique semble achevée, puisque l'Allemagne actuelle rigole de plein coeur d'une parodie sur Hitler (Mein Fûhrer) qui remplit les salles outre-Rhin. Il reste toutefois un passé plus récent, encore plus vif et douloureux, dont l'analyse est forcément plus hasardeuse : le régime de la RDA et ses crimes contre l'humanité. Seul l'excellent Les Trois vies de Rita Vogt de Volker Schlöndorff y faisait allusion indirectement, et cette première approche d'envergure du sujet était par conséquent une entreprise des plus délicates.
Tant mieux alors que ce premier film de Florian Henckel von Donnersmarck est une guerre des nerfs intense et prenante, le genre de film qui ne se laisse pas dépasser par l'importance de son sujet, mais qui sait adroitement révéler la dimension humaine sous la cape d'un régime communiste. Il instaure avec finesse et assurance un climat de crainte permanente, où les agents de la Stasi savent tout et ont tous les droits et où le citoyen ordinaire doit faire attention sans relâche à ce qu'il fait et ce qu'il dit. La position d'observateur de l'agent Wiesler est ainsi au début toute-puissante. Il tient les fils d'un jeu pervers qui espionne à volonté la vie privée de sa proie. Mais tout bascule, lorsqu'il prend une partie active dans les événements. Le déclenchement d'une simple sonnerie démarre alors une suite de péripéties de plus en plus compromettantes, qui trahissent progressivement le régime.
Les séquences mémorables ne manquent pas dans ce film exceptionnel, qui traite de la fragilité mentale des gens en temps d'oppression. Seule la fin, en trois conclusions successives, s'étire un peu trop, alors que l'achèvement de la mission présentait déjà un constat émotionnel suffisamment dévastateur !

Vu le 16 janvier 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: