Rocky Balboa

Rocky Balboa
Titre original:Rocky Balboa
Réalisateur:Sylvester Stallone
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:24 janvier 2007
Note:
Rocky Balboa, l'ancien champion de boxe, ne monte plus sur le ring depuis longtemps. Veuf, il vit dans le passé, dans le temps qu'il évoque avec tant de tendresse pour les clients de son petit restaurant qu'il a appelé "Adrian's", d'après sa femme. Le monde du sport n'est pas non plus ce qu'il était, puisque le nouveau champion, Mason "The Line" Dixon, manque d'adversaires crédibles pour défendre le titre. Afin de redorer le blason de leur poulain, les promoteurs de Dixon approchent alors Balboa pour lui proposer un combat d'exhibition juteux. Même si Rocky rêve de reprendre une dernière fois ses gants, son âge le fait réfléchir.

Critique de Mulder

En 1976, quand le premier Rocky sortit sur nos écrans, j'étais déjà dans la salle de cinéma avec mes parents pour assister à la naissance d'une vraie grande star, Sylvester Stallone, et d'un personnage hors norme au grand cœur, certes peu cultivé, mais qui était bon et qui avait cette soif de reconnaissance, de survie, ce regard du tigre en quelque sorte. Le véritable choc eut lieu non pas en 1982 mais en 1986 avec Rocky IV. Il faut reconnaître qu'à l'époque, j'étudiais le russe en première langue et j'étais déjà dingue de cinéma. En voyant ce méga clip de 1h25 très inspiré et surtout écoutant l'excellente bande musicale, je m'étais en quelque sorte reconnu en ce personnage qui, à force de travail et d'acharnement réussissait à accomplir de grandes choses. En 1990, je fus réellement déçu par Rocky V, car la magie du personnage avait totalement disparu. De plus, il n'y avait aucun vrai combat pour clôturer ce film.

En 2006, le temps avait passé. Sylvester Stallone n'était plus ce héros au grand coeur (Over the top, Demolition man, Cliffhanger), il avait vu ces derniers temps sa côte baisser au box office à force de bides retentissants, de films médiocres. Alors en voyant dans un premier temps l'excellente bande-annonce de Rocky Balboa, je pensais que Sylvester Stallone allait enfin faire un come back retentissant. Mais j'étais sceptique, car avec le temps, on se rend compte que voir de vrais films, réellement inspirés par le désir de jouer et non de générer des millions (comme le fait si bien en ce moment en vendant son âme Luc Besson) est une denrée rare. Sylvester Stallone remonte ainsi dans cet opus sur le ring pour incarner une nouvelle fois le célèbre boxeur. Comme pour tous les volets de la saga, il a participé à l'écriture du scénario. Bien décidé à s'investir pleinement dans ce dernier chapitre, il passe de nouveau derrière la caméra. Ne bénéficiant que d'un petit budget (24 millions de dollars) et de seulement cinq semaines de tournage, Sylvester Stallone a adopté ici un style sobre et direct qui sert réellement le propos du film. Le film atteint donc pleinement son objectif de ressusciter un des personnages les plus connus de l’histoire du cinéma. Il permet aussi de voir le meilleur combat de boxe mis en scène sur grand écran. Au diable les Raging Bull, les Ali qui sonnent pratiquement faux par leurs combats aseptisés au possible !

Nous retrouvons donc Rocky qui a arrêté de boxer depuis très longtemps et qui est maintenant propriétaire d'un restaurant, où il narre à ses nombreux clients ses fameux exploits. Suite à un concours de circonstance, il se verra dans cet opus de nouveau sur le ring pour un combat non officiel dans le but de rapporter de l'argent à une œuvre caritative. Tout ce film nous émeut continuellement en renvoyant Rocky dans les quartiers de son enfance tombés en désuétude. Comme lui, nous avons grandi, comme lui, la vie nous a fracassé et amené pas mal de bonnes choses. Comme lui, nous voulons marquer les mémoires par nos exploits et laisser une trace dans les mémoires.

Dire que ce film est le meilleur de la saga est un euphémisme. Nous ne sommes plus devant un méga clip mais plutôt devant un film indépendant, réalisé par un homme qui se donne à fond derrière et devant la caméra. Je conseille à tous les cinéphiles, et à tous les fans de l'époque où la carrière de Sylvester Stallone était à son paroxysme, de se précipiter devant malheureusement le dernier opus de la saga. Ce film finit donc sur une note de tristesse profonde et nous aimerions que Sylvester Stallone, dans ses prochains films, revienne avec cette même force.

A voir absolument au cinéma, sûrement l'un des trois meilleurs films de ce mois !

Vu le 3 janvier 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

A 60 ans passés, on aurait pu croire qu'il était temps pour Sylvester Stallone de raccrocher définitiviement ses gants de boxe, voire de ne plus envisager de tirer une dernière satisfaction économique de sa franchise la plus populaire. C'était compter sans la hargne d'une vedette qui avait encore de la colère dans les tripes, prête à sortir, et qui était surtout en panne d'un rôle respectable depuis pratiquement dix ans. Les motivations bassement matérialistes pour ce sixième volet des exploits sportifs de Rocky ne doivent donc pas être ignorées. Et pourtant, il existe une sorte de lien spirituel entre l'acteur et son personnage phare, qui rend cette reprise du rôle de sa vie fortement attachante.
Avant tout, Rocky Balboa est empreint d'une mélancolie triste mais pas résignée. Pendant une heure, nous voyons ce héros d'antan mener une existence modeste, la vie d'un homme qui ne s'écroule pas sous le poids de son passé glorieux, mais qui ne peut pas s'en défaire complètement non plus. Rocky, version 6, c'est un individu en deuil de sa femme, de son fils qu'il ne voit presque plus et de sa carrière qu'il revit chaque soir à travers les récits héroïques dans son restaurant soigné et modeste. En somme, c'est un homme qui accepte tant bien que mal les premiers signes de la vieillesse, et qui prépare indirectement son héritage (toute l'intrigue secondaire autour de Marie et de son fils).
Sans le dernier sursaut de vie, qui se manifeste lors du seul combat du film, Rocky Balboa n'aurait été qu'un épilogue digne et mesuré à l'épopée filmique qui avait commencé il y a trente ans. Sans réelle motivation scénaristique, puisque Balboa rêvait seulement de faire quelques combats mineurs et que Dixon n'accepte de l'affronter que pour améliorer son image bien terne et transparente, cet ultime affrontement confère cependant au film un détail essentiel : l'esprit de conquête et de dépassement de soi, indissociable des cinq films précédents. Rocky ne serait point lui-même s'il ne relevait pas des défis incensés, s'il ne professait pas sa philosophie simpliste et sincère (les discours devant la commission officielle qui ne veut pas lui renouveler sa licence, et face à son fils qui en a marre d'un père plus grand que nature) et s'il ne s'accrochait pas jusqu'au dernier moment. Avec le temps qui passe, l'enjeu n'est désormais plus que de tenir, puisque vaincre serait tout de même un hymne trop poussif au volontarisme le plus élémentaire. Et tenir, Rocky le fait, comme toujours, jusqu'au dernier round.
Assez sobre pendant la partie contemplative du film, la mise en scène de Stallone sait se réveiller pour le duel final dans le ring. Quelques effets de style mis à part (l'image en noir & blanc avec uniquement le rouge du sang qui coule du nez de Rocky ou le bleu de la tenue de son adversaire), cet ultime combat de l'ancien champion, en attendant un hypothétique, mais peu probable Rocky VII, dispose de suffisamment de souffle pour nous tenir en haleine.

Vu le 1er février 2007, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 21, en VO

Note de Tootpadu: