Je vais bien ne t'en fais pas

Titre original: | Je vais bien ne t'en fais pas |
Réalisateur: | Philippe Lioret |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 06 septembre 2006 |
Note: | |
A son retour des vacances d'été en Espagne, Lili, 19 ans, apprend de ses parents que son frère jumeau, Loïc, est parti de la maison familiale sur un coup de tête. Sans nouvelles de lui pendant des semaines, Lili plonge dans une dépression profonde qui oblige ses parents à la faire hospitaliser.
Critique de Tootpadu
Le titre de ce drame sombre annonce le caractère trompeur du film. Non seulement, rien ne va plus pour ses personnages, mais en plus, la disparition du frère est un prétexte employé avec adresse pour révéler les dysfonctionnements d'un groupe tout à fait ordinaire. L'absence de Loïc agit ainsi comme le déclencheur d'une dépression, mais aussi comme le point de départ d'un réseau de mensonges et de frictions profondément déprimants.
Dans son quatrième film, Philippe Lioret réussit une fois de plus le portrait saisissant de gens comme les autres, d'individus qui sont éjectés de leur trajectoire existentielle toute tracée par un événement dramatique. La réaction de Lili est dans ce contexte la plus émotionnelle et la plus difficile à supporter, notamment au plus profond de ses envies suicidaires à l'hôpital. Mais le point qui a réellement retenu notre attention est le regard très juste que le réalisateur porte sur cette autre banlieue, loin des émeutes, celle que l'on voit rarement au cinéma, tellement sa banalité bourgeoise, sa dépendance d'une instance aussi débile que la télévison et ses émissions tout formatées du soir, sont encore plus déprimantes que la disparition d'un être cher. A travers le portrait peu flatteur que Philippe Lioret dresse de cette vie entre les retards des transports en commun et les barbecues amateurs, le réalisateur nous interpelle sur un style de vie très répandu en France et dans toute l'Europe, dont les acquis sont rarement mis en question.
Enfin, les deux revirements majeurs à la fin, qui manquent un tout petit peu de crédibilité, sont largement désamorcés par l'interprétation excellente de Mélanie Laurent, qui crève l'écran dans son premier rôle principal, tout en étant soutenue par une distribution très solide, avec en premier Kad Merad dans le rôle haîssable du père.
Vu le 4 décembre 2006, au Publicis Cinémas, Salle 2
Note de Tootpadu: