Borat Leçons culturelles sur l'Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan

Borat Leçons culturelles sur l'Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan
Titre original:Borat Leçons culturelles sur l'Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan
Réalisateur:Larry Charles
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:15 novembre 2006
Note:
Envoyé spécial du ministère de l'information du Kazakhstan, le journaliste Borat Sagdiyev part avec son producteur Azamat Bagatov aux Etats-Unis pour y étudier la culture américaine. Après quelques jours à New York, il tombe amoureux de Pamela Anderson qu'il a vue à la télévision. Désormais, il ne pense plus qu'à traverser le continent, afin se déclarer à l'actrice en Californie.

Critique de Mulder

"Borat" n’est pas à mes yeux un film, mais plutôt un documentaire très inspiré sur l’anti american way of life. Un documentaire irrévérencieux, subversif et très intelligent. Ce documentaire est constitué de courtes scènes chocs et instantanément cultes (la gay pride, le lancé de juifs, la rodéo party, …). Borat nous fait donc rire sur des maux de société et établit, au-delà des tabous précités, le portrait génialissime d'un monde d'ignorants.

Certes, il n’y a guère de scénario à proprement parler, mais nous venons voir un documentaire sarcastique et non un film d’auteur. Ce pamphlet rappelle en quelque sorte le pendant américain du cultissime "C’est arrivé près de chez vous". En effet, nous suivons les tribulations d’un journaliste illuminé aux Etats-Unis et sommes sidérés de voir que pour lui, la femme parfaite s’appelle Pamela Anderson.

Ce film est donc à voir par un public averti (certaines scènes sont assez hard, il faut bien le reconnaître) mais à voir d’urgence aussi et en salle bien entendu.

Vu le 13 novembre 2006, au Gaumont Disney Village, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Le choc des cultures entre l'Amérique bien-pensante, mais terriblement coincée, et le trublion d'un pays lointain aux moeurs archaïques produit des étincelles insoupçonnées dans cette comédie faussement choquante. Sacha Baron Cohen porte la situation de l'homme innocent qui arrive dans une société hautement codifiée au paroxysme avec son personnage Borat, un individu plein de bonnes intentions et d'actions mal vues. Le périple qu'il lui fait subir à travers tous les Etats-Unis, des New Yorkais froids jusqu'aux Californiens drogués aux vedettes du divertissement, démontre d'une façon juste et hilarante à quel point la mentalité américaine, d'apparence hospitalière et tolérante, n'est nullement supérieure à celle d'un Kazakhstan imaginaire, préoccupé avant tout par le sexe.
Car la principale pierre d'achoppement dans le comportement de Borat est son rapport à la sexualité et aux fonctions corporelles primaires (cf. la séquence dans laquelle la dame de la haute société lui explique comment se servir des toilettes). La sophistication coincée qui gouverne et codifie les pulsions et les identités sexuelles aux Etats-Unis (le groupe féministe, la gay pride, le dédain pour la prostitution) fait de son mieux pour résister à l'excitation impulsive et finalement innocente de Borat. Mais son attitude décontractée ne saura s'adapter à cette culture bien plus nombriliste que ne le laisse supposer le reflet trompeur qu'elle émet à travers ses oeuvres de fiction ("Alerte à Malibu", Dirty Harry, Un flic à la maternelle). Enfin, l'incompréhension entre le volontarisme maladroit de Borat et la bienveillance hypocrite des Américains prend son origine dans une communication basée sur des écarts de langage et de langue béants.
Intelligente, moqueuse et irrévérencieuse, cette première apparition de Borat sur grand écran - qui ne sera probablement pas la dernière en vue de son succès mondial - est malgré tout un film un peu inabouti. Accessible à la fois au public le plus basique grâce à sa vulgarité récurrente et à des esprits plus exigeants par le biais de son commentaire social acerbe, il risque peut-être de combler aucun de ces groupes de spectateurs, en raison de son ton d'une ironie trop épaisse.

Vu le 4 décembre 2006, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu: