
Titre original: | Patton |
Réalisateur: | Franklin J. Schaffner |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 164 minutes |
Date: | 22 avril 1970 |
Note: | |
Le général George S. Patton prend en charge l'attaque des troupes américaines en Afrique du Nord, en 1943, après une première défaite contre l'Allemagne nazie. Un poète et un historien de la guerre dans l'âme, Patton repoussera l'occupant d'abord de l'Afrique et puis de la Sicile. Mais son tempérament et sa sévérité envers l'insubordination parmi ses troupes lui donnent tort dans les yeux de l'opinion publique américaine. En dépit d'une rivalité permanente avec le général britannique Montgomery, Patton sait pourtant que son heure de gloire va venir pendant cette guerre.
Critique de Tootpadu
Les Etats-Unis aiment bien se souvenir de leurs exploits guerriers couronnés de succès. Mais au moment où cette épopée plutôt intimiste a vu le jour, l'Amérique s'embourbait de plus en plus dans un conflit au Viêt-Nam qui allait laisser des séquelles douloureuses dans la mémoire collective, jusqu'à ce que la guerre actuelle en Irak fasse naître un nouvel épouvantail d'un engagement sans sortie honorable. Il est alors fort logique que d'un, le président Nixon appréciait apparemment beaucoup ce conte sur un héros malmené au point de le se faire projeter à la Maison blanche à plusieurs reprises, et de deux, le cinéma américain portait par la suite un regard plus sombre et pessimiste sur le spectacle guerrier.
Patton n'est cependant pas un hymne patriotique qui exalte la superiorité de l'armée américaine et le génie de ses officiers. Ce film intelligent s'emploie davantage à sonder un personnage historique contradictoire et brillant, un anachronisme ambulant qui arrive pourtant à s'imposer dans la dernière grande guerre des militaires. Le général Patton, tel que le scénario co-écrit par un jeune Francis Ford Coppola le voit, est un homme tourmenté et mal à l'aise dans son époque, qui conçoit l'histoire de l'humanité comme un éternel combat sur le champ de bataille. Incompris par ses supérieurs et régulièrement châtié pour ses écarts de conduite, il demeure néanmoins un homme de principes, un réactionnaire grandiloquent, certes, mais également un homme qui garde un lien fort avec le passé.
La mise en scène en quelque sorte baroque de Franklin J. Schaffner et le jeu intense de George C. Scott, sans oublier la bande originale magistrale et emblématique de Jerry Goldsmith, rendent ce portrait d'un homme de guerre plus grand que nature hautement fascinant. Mais c'est la richesse du scénario, qui ne cherche guère à simplifier un parcours très irrégulier, qui donne ses lettres de noblesse à ce film de guerre en fin de compte atypique. Curieusement, la biographie filmique suivante, qui faisait preuve d'autant de tolérance et d'intérêt envers un personnage historique conflictuel, allait être le Nixon d'Oliver Stone, un quart de siècle plus tard.
Revu le 26 juin 2006, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: