
Titre original: | Zone libre |
Réalisateur: | Christophe Malavoy |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 104 minutes |
Date: | 17 janvier 2007 |
Note: | |
En 1942, le tailleur juif Simon se réfugie à la campagne en Charente avec sa femme, sa belle-soeur, sa belle-mère et son neveu Henri. Recueillie par le paysan Maury, la famille devra vivre pendant plus d'un an dans une grange, au rythme des contrôles de la gendarmerie collaboratrice et dans la peur des soldats allemands qui ont commencé à envahir cette zone libre campagnarde.
Critique de Tootpadu
La persécution des juifs pendant l'occupation des nazis a déjà pris de nombreux aspects différents sur les écrans français. Le premier film de cinéma de l'acteur Christophe Malavoy ne cherche ainsi pas tellement à être original, mais vrai dans sa description minutieuse de la vie quotidienne en cachette.
Le récit de cette famille incomplète insiste plus sur la menace qui plane chaque jour sur elle, que sur des rafles violentes ou des déportations déchirantes. Être persécuté et en danger de mort ne produit pas automatiquement des héros, mais cet état d'alerte permanente et cette méfiance entière réduit l'homme à une condition précaire qui laisse forcément des séquelles. D'ailleurs, le rôle des hommes dans cette société meurtrie, où la plupart des maris, des pères et des fils succombent d'une façon ou d'une autre aux contraintes violentes de la guerre, n'est pas traité sans finesse ici. Alors que les femmes peuvent s'accrocher aux besognes de la vie ordinaire (la cuisine, le ménage, l'accouchement) et gardent un équilibre d'esprit relatif en ces temps tumultueux, les hommes s'enfoncent dans une perte effarante de repères. L'altercation entre les deux "pères" juifs, la difficulté d'insertion de Henri, le besoin tardif et finalement vain de Simon de prendre les armes ou bien le refus du vieux Maury de rester seul, ce sont là toutes des manifestations d'un trouble profond chez les hommes exclus de l'action guerrière. Comme quoi, rester à l'écart des champs de bataille n'est pas toujours la solution la plus apaisante ...
Pour évoquer cette histoire d'une époque qui recule lentement dans le passé lointain, Christophe Malavoy ne sort guère les grands moyens. Le caractère arbitraire de certaines séquences courtes, qui entraîne un rythme légèrement flou, n'empêche en rien un investissement émotionnel très solide dans le film. La banalité prime alors sur le pathos larmoyant, ce qui ne peut nullement être considéré comme un inconvénient dans le cas d'un film français touchant et sans excès.
Vu le 16 novembre 2006, au Club de l'Etoile
Note de Tootpadu: