Paprika

Paprika
Titre original:Paprika
Réalisateur:Kon Satoshi
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:06 décembre 2006
Note:
Un DC Mini, une nouvelle invention qui permet de s'introduire dans les rêves dans un but psychothérapeutique, a été volé du laboratoire de recherche des docteurs Atsuko et Tokita. Le principal suspect est Himuro, l'assistant de Tokita, qui apparaît dans certains des rêves surveillés. Les dégâts causés par le DC Mini volé, dont l'accès n'avait pas encore été bridé, prennent une ampleur de plus en plus importante, avec des scientifiques qui perdent la raison et des rêves qui deviennent réalité.

Critique de Tootpadu

Capturer des rêves n'est pas seulement le fil rouge de l'intrigue de cet anime étonnant. C'est également sa figure de style dominante d'un point de vue formel. Avec comme résultat, un récit qui part dans tous les sens et qui immerge le spectateur dans un univers dans lequel il devient rapidement difficile de faire la différence entre le rêve et la réalité.
Cet effacement des barrières entre l'inconscient et la perception éveillée donne lieu à des séquences hautement loufoques, de véritables festins d'imagination. A commencer par l'introduction qui ne répond qu'aux règles de rupture incessante de modes narratifs, propres au rêve. Après cette entrée en matière fascinante, le film s'emploie progressivement à rapprocher l'absence de linéarité et de raison du rêve et l'aspect fonctionnel d'origine scientifique du monde réel. Sa réussite majeure consiste alors à nous faire croire en son univers hors des normes, tout en gardant une ressemblance saisissante avec le ton si particulier des rêves, mi-inquiétants, mi-enchanteurs. Et tout cela sans trop d'encombrement d'effets narratifs, mais simplement grâce à un petit engin futuriste dont le rôle devient de plus en plus arbitraire.
Face à cet accomplissement enivrant de tonalités oniriques constamment à deux clins d'oeil de la réalité, les autres préoccupations du scénario paraissent un peu plus forcées. Certes, parler de cinéma dans un film constitue toujours une mise en abîme plaisante, et la question de l'alter ego est explorée avec une application intrigante. Mais ce film, qui nous réconcilie avec l'anime selon Kon Satoshi après la déception de Perfect Blue, vaut surtout, voire absolument, le détour pour son exploration ingénieuse du monde vaste des rêves, en laissant de côté pratiquement tout ce qui relève du côté érotique.

Vu le 30 octobre 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: