Dents de la mer (Les)

Dents de la mer (Les)
Titre original:Dents de la mer (Les)
Réalisateur:Steven Spielberg
Sortie:Cinéma
Durée:124 minutes
Date:00 janvier 1976
Note:
Alors que la petite station balnéaire d’Amity se prépare à la saison estivale, le corps atrocement mutilé d’une jeune vacancière est trouvé sur le littoral. Suite au rapport d’autopsie, le chef de police Martin Brody, installé sur l’île depuis seulement quelques mois, décide de fermer toutes les plages. En effet, un grand requin blanc pourrait être à l’origine du drame. Mais à l’approche du 4 juillet, les notables et les commerçants du village s’opposent avec véhémence à cette mesure préventive. Les plages restent donc ouvertes, jusqu’à ce que le prédateur marin fasse une nouvelle victime. Dès lors, toute la population est en émoi et le prend en chasse. En même temps, Brody compte sur le scientifique Matt Hooper et le vieux capitaine Quint pour rétablir la sécurité.

Critique de Mulder

Critique élaborée à partir de critiques lues sur Allo Ciné et revue par mes soins.

Les Dents de la mer (Jaws) constitue le premier volet d'une saga composée de trois autres épisodes - Les Dents de la mer 2 (Jaws 2) (1978), Les Dents de la mer 3 (Jaws 3-D) (1983) et Les Dents de la mer 4 : la revanche (Jaws : the revenge) (1987) - dont le succès n'égalera jamais celui du premier. Roy Scheider reprendra son rôle de Martin Brody uniquement dans le deuxième opus. Les Dents de la mer (Jaws) remporta trois Oscars en 1976 : celui du meilleur montage, de la meilleure musique et du meilleur son.

Les Dents de la mer (Jaws) est en fait l'adaptation cinématographique de Jaws, un best-seller de Peter Benchley, ancien journaliste du Washington Post et de Newsweek. Dès la publication du roman, les producteurs Richard D. Zanuck et David Brown en achetèrent les droits d'exploitation. Jaws s'est vendu à cinq millions et demi d'exemplaires. En trois mois d'exploitation, Les Dents de la mer (Jaws) totalisa plus de 67 millions d'entrées aux Etats-Unis et détrôna ainsi Le Parrain (The Godfather) à la tête des plus gros succès cinématographiques. Il resta à cette place jusqu'en 1977.

Ce film est la révélation de l'un des meilleurs cinéaste de notre époque. La véritable prouesse de Spielberg tient à l'idée d'avoir filmé un requin mais du point de vue du squale lui même, à travers la peur des personnages et grâce à une musique incontournable. Le casting est également très réussi, que ce soit pour les personnages principaux ou les innocentes victimes. Les Dents de la Mer est une référence dans sa catégorie, jamais égalée par ses suites et les ersatz en tous genres.

Dans ma vidéothèque

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Nous sommes nés trop tard pour avoir pu vivre de première main la terreur répandue initialement par ce premier blockbuster de notre ère de cinéma, d’un point de vue commercial. Le fait de le découvrir sur petit écran nous a rendus moins sensibles à l’effarement que le public de l’époque a dû éprouver face à ce divertissement d’un nouveau genre, qui n’est en réalité que le prolongement fort adroit des recettes des thrillers et autres films d’aventure que Steven Spielberg allait continuer de piller joyeusement avec sa saga autour de l’explorateur Indiana Jones. Contrairement aux retrouvailles avec Les Oiseaux de Alfred Hitchcock, dont la redécouverte tardive au cinéma nous avait permis de plonger entièrement dans l’horreur de l’attaque maléfique d’une force animalière, celles avec Les Dents de la mer ne nous ont pas inspiré plus de peur viscérale qu’auparavant. Revoir ce film marquant sur grand écran nous a cependant permis d’apprécier davantage l’intensité hautement fascinante avec laquelle la mise en scène, la musique et le montage guident le spectateur à travers un parcours semé d’embûches.
Derrière son air pleinement assumé de spectacle haletant, ce premier succès tonitruant de la longue et illustre carrière de Steven Spielberg cache une somme de pistes de réflexion et d’analyse dont ses rejetons contemporains ne peuvent que rêver. Comme dans les meilleurs films d’horreur, ce qui nous trouble ici n’est pas forcément cette machine cannibale des profondeurs mais la gestion hasardeuse de la peur qu’elle inspire, voire les dysfonctionnements psychologiques et sociaux qu’elle met à jour respectivement au niveau individuel et collectif. Peu importe les raisons pour lesquelles le requin n’apparaît pas plus souvent à l’image – de sinistres problèmes techniques qui avaient failli couler la production toute entière –, son absence laisse amplement le temps à la narration de sonder les motivations et les phobies, le paraître et l’être de ses chasseurs aux pieds d’argile.
Car aussi intemporel ce film paraisse-t-il de nos jours grâce à son intrigue sans le moindre relâchement d’intensité, il est néanmoins le produit de son temps, à savoir d’une décennie qui cultivait le doute et la déchéance des mœurs au lieu de faire perdurer les vieilles certitudes manichéennes de la Guerre froide, qui allaient vivre leurs derniers jours de gloire au fil des années 1980. Formellement, ce brouhaha de repères peut être perçu à travers cette figure de style chère à Robert Altman qu’est le chevauchement des dialogues. Et du côté des personnages, il se manifeste dans la fragilité évidente des trois rôles principaux, tous en proie à des défauts de caractère plus ou moins préjudiciables lors de l’affrontement du mécanisme parfaitement huilé, au sens figuré, du requin.

Revu le 16 décembre 2012, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: