Jugez-moi coupable

Jugez-moi coupable
Titre original:Jugez-moi coupable
Réalisateur:Sidney Lumet
Sortie:Cinéma
Durée:125 minutes
Date:13 septembre 2006
Note:
Le gangster Jack DiNorscio écope d'une peine de prison de trente ans, après avoir été piégé par des agents fédéraux sur une vente de drogues. Le procureur Kierney pense alors pouvoir compter sur le témoignage de DiNorscio dans un procès marathon qui doit s'ouvrir prochainement et qui met en cause toute la famille mafieuse du New Jersey. Mais Jack, qui a passé la moitié de sa vie en prison et qui vient d'être la cible d'une tentative d'assassinat commise par son cousin drogué qui figurera comme témoin au procès, ne se laisse pas faire. Il ira même jusqu'à assurer lui-même sa défense, sans expertise juridique mais en parlant avec son coeur, dans ce procès monstre qui durera plus de deux ans.

Critique de Tootpadu

Les soucis avec ce retour de Sidney Lumet dans l'environnement juridique qui l'a rendu célèbre, commencent dès que l'on veut déterminer le genre auquel il appartient. La gravité de son sujet et son origine historique le placent plutôt dans le camp dramatique. Mais son guignol de personnage principal qui aborde le métier d'avocat avec une dérision palpable n'apporte-t-il pas suffisamment de touches humoristiques pour considérer le film comme une comédie ? Cette incertitude de ton ne contribue en tout cas en rien au poids du film, qui divague mollement à travers un procès sans fin.
Complètement à l'opposé de Douze hommes en colère, le premier chef-d'oeuvre de Lumet et à ce jour un des meilleurs films de procès qui soient, qui faisait preuve d'une densité époustouflante, Jugez-moi coupable souffre d'une structure dramatique largement défaillante. A l'image de la procédure judiciaire dont il s'inspire qui traînait pendant des années, le scénario coule sans haut, ni bas, et sans point d'appui pour amorcer ne serait-ce que la plus infime tension. Dans cette salle d'audience, le temps et la vigueur cinématographique paraissent en effet comme figés, asphyxiés par une superficialité qui ne rend service à personne. Non seulement le spectateur risque de s'ennuyer sérieusement devant ce spectacle consternant, mais en plus le discours de Lumet sur le système judiciaire américain est d'une vacuité accablante. Plus aucune trace ne reste ici des plaidoyers filmiques puissants qu'étaient Douze hommes en colère, Le Verdict et dans une moindre mesure Dans l'ombre de Manhattan. Plus aucun dysfonctionnement de la justice et plus aucun crime abject ne sont pris pour cible dans cette histoire inoffensive au possible.
La mise en scène de Sidney Lumet reste enfin particulièrement bancale. Le vieux maître du cinéma ne maîtrise plus la structure de son nouveau film, qui avance d'une façon désordonnée et finalement sans but. Au milieu de ce fiasco très mou, il vaut alors mieux s'estimer reconnaissant qu'au moins un aspect témoigne encore d'une solidité relative : l'interprétation. Car sous réserve d'un scénario mauvais, la plupart des acteurs s'en sortent finalement avec les honneurs. Vin Diesel tente vaillamment de cacher l'inconsistance de son personnage avec un peu de charme, et Peter Dinklage, Ron Silver et Linus Roache campent des habitués des tribunaux plutôt convaincants.

Vu le 3 octobre 2006, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 17, en VO

Note de Tootpadu: