Nonne (La)

Nonne (La)
Titre original:Nonne (La)
Réalisateur:Luis de la Madrid
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:11 octobre 2006
Note:
Six jeunes femmes ont dû subir le traitement sévère de la soeur supérieure d'un pensionnat en Espagne. Dix huit ans plus tard, Eva, la fille de l'une d'entre elles, assiste à la mort violente de sa mère. Elle est convaincue d'avoir vu un fantôme dans des habits de religieuse trancher la gorge de sa mère. Lorsqu'une des anciennes amies du pensionnat est également massacrée dans des circonstances atroces, peu de temps après avoir contacté Eva, celle-ci part pour l'Espagne afin de remonter à l'origine de cette série de morts suspectes.

Critique de Tootpadu

Parmi les distributeurs français, rares sont ceux qui gardent un niveau stable de qualité à travers les films qu'ils sortent. Alors que nous avons une légère préférence envers les catalogues d'Ad Vitam ou d'ID Distribution, par leur originalité et leur diversité, il n'existe pas vraiment de parcours parfait dans l'épineux métier de la sortie de films au cinéma. De l'autre côté du spectre, vers les profondeurs sombres des navets que l'on aimerait plutôt oublier, au moins deux sociétés se dressent comme les défenseurs irrécupérables d'un cinéma (très) mal fait. Heureusement, nous n'avons plus tellement de nouvelles de Quinta, en attendant la sortie du nouveau Mel Gibson l'année prochaine. Par contre Carrere Distribution s'obstine à nous présenter une daube après l'autre, avec au mieux une production potable (Les Aiguilles rouges) tous les deux ans.
Nous avons bien entendu tenté de nous battre contre cette appréhension immédiate à la vue du logo du distributeur, qui risquait d'empiéter sur notre appréciation impartiale du film. Mais dès les premiers effets spéciaux risibles et dès le premier dispositif narratif ennuyeux, qui allaient être suivis par des dizaines d'autres, nos pires craintes se sont avérées vraies. La Nonne fait partie de ces productions européennes qui veulent à tout prix ressembler à leurs grandes soeurs américaines (notamment les films d'horreur et les thrillers d'ados récents) et qui finissent par ressembler à rien du tout.
L'intrigue est par conséquent des plus basiques et prévisibles, avec un dénouement carrément insultante de bêtise. Mais la faiblesse la plus préjudiciable du film réside en sa narration défaillante et son aspect visuel particulièrement laid. Evidemment nous nous attendons pas à un récit sophistiqué dans le genre du film d'horreur lambda. Se laisser faire peur sans apercevoir les grandes ficelles du mécanisme de l'épouvante appartient néanmoins aux conditions prérequises pour frissonner et sursauter librement. Hélas, la narration de Luis de la Madrid est particulièrement lourde et ennuyeuse, digne d'un téléfilm quelconque plutôt que d'un cinéaste qui s'était spécialisé auparavant dans le montage. Les rebondissements bidons, les personnages plats et les effets sans surprise abondent alors, sans que le film n'accède ne serait-ce qu'à un soupçon de personnalité.
Une fois arrivée à la finale, La Nonne semble pourtant avoir trouvé son point d'équilibre très modeste. Toujours aussi immodérée dans son imitation de films à succès, la narration s'y emballe presque pour nous présenter enfin quelque chose d'à peu près regardable. Dommage que l'explication ultime enfonce de nouveau le film dans le crétinisme le plus complet, sous forme d'une psychologie qui tente d'expliquer péniblement toutes les failles d'un scénario immonde.

Vu le 21 septembre 2006, au Club Marbeuf, en VO anglaise

Note de Tootpadu: