
Titre original: | Sarajevo, mon amour |
Réalisateur: | Jasmila Zbanic |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 20 septembre 2006 |
Note: | |
Esma, une mère célibataire qui a gardé des souvenirs traumatisants de la guerre, ne vit que pour sa fille Sara. Lorsque l'adolescente doit partir en excursion avec l'école, Esma a le plus grand mal à réunir l'argent nécessaire, en dépit de son nouveau travail comme serveuse dans une boîte de nuit.
Critique de Tootpadu
Récompensé par l'Ours d'or du festival de Berlin cette année, ce drame de l'après-guerre bosniaque est à la fois éprouvant et conventionnel. Son enjeu scénaristique s'avère être en effet assez mince : le genre d'histoire sur les séquelles psychologiques de la guerre apparemment impossibles à surmonter que nous avons déjà vu maintes fois. La révélation finale peut ainsi être devinée tôt dans le film, laissant le scénario avec des prétextes d'action plutôt artificiels comme la quête de l'argent pour le voyage. Mais Grbavica, le titre original qui désigne un quartier de Sarajevo qui était transformé en camp de torture pendant la guerre, dispose d'autres qualités qui rendent sa vision intéressante et émotionnellement engageante.
L'interprétation magistrale de Mirjana Karanovic agit en effet comme le coeur d'un film suspendu à ses moindres manifestations de souffrance et de rage de vivre. Coincée dans un présent qu'elle ne peut plus apprécier à cause des outrages du passé, cette femme abusée renferme toute sa douleur à l'intérieur d'elle-même, jusqu'à l'éruption cathartique des aveux à la fin. Là où Jasmila Zbanic n'aide pas vraiment sa comédienne avec une fidélité un peu raide aux conventions narratives, elle exalte son malaise existentiel en lui attribuant un ancrage unique dans le présent. Aucun effet de style pompeux en guise de retour illustratif en arrière ne vient en fait interrompre l'agonie d'Esma, qui reste une femme émotionnellement morte dans une ville qui renaît matériellement.
Vu le 7 septembre 2006, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: