World Trade Center

World Trade Center
Titre original:World Trade Center
Réalisateur:Oliver Stone
Sortie:Cinéma
Durée:129 minutes
Date:20 septembre 2006
Note:
Le 11 septembre 2001, deux avions de ligne percutent les tours du World Trade Center à New York. Toutes les unités de sauvetage de la région sont mobilisées. Parmi les premiers arrivés sur place figure un détachement de la police portuaire. Le sergent John McLoughlin, un habitué des lieux, s'introduit avec trois autres policiers dans le batiment en plein chaos. Quand la première tour s'effondre, il est coincé avec Will Jimeno, un jeune agent, sous des tonnes de gravats.

Critique de Tootpadu

Le choix d'Oliver Stone, le maître de la controverse parfois grandiloquente et parfois pertinente, pour diriger cette première grosse production hollywoodienne sur l'attentat du 11 septembre était un pari osé. Et en vue du résultat, un mélodrame aux sentiments exaspérés et à la portée minimale, il devrait être permis de s'interroger sur le bien-fondé de cette décision.
Tandis que le début du film insiste encore sur la banalité de la matinée, l'attaque terroriste le plonge dans un chaos effrayant. Jusque là, Stone ne se démarque pas tellement de l'emprise émotionnelle de Vol 93, même si sa version de ces quelques minutes néfastes n'atteint pas le niveau d'intensité du film de Paul Greengrass. C'est une fois que les deux héros sont inéluctablement coincés sous les ruines que le récit part dans tous les sens, pour finalement arriver nulle part. Jamais un observateur fin des sentiments humains, Stone s'essaie précisément à cette tâche difficile en suivant les deux épouses pendant leurs longues heures d'attente et d'incertitude. Puisqu'il ne tire de cet aspect de l'histoire que des moments d'un larmoiement superficiel, il suit le scénario de plus en plus bancal dans une évocation plus globale de la journée. Fortement imprégné d'un patriotisme auparavant bien plus réfléchi chez le réalisateur, le film raconte alors l'action de quelques hommes et femmes d'un héroïsme exemplaire qui ont participé de près ou de loin à l'intrigue centrale.
Pendant que l'envie de survivre des deux prisonniers souterrains prend des formes de plus en plus abstraites, pour ne pas dire risibles (Jésus et la cuisine), nous croisons des Américains pur jus qui sont directement touchés par la catastrophe. Cet hymne à la force d'un idéal très américain prend carrément des allures militaristes par le biais du sergent chef Karnes. Ce personnage passablement illuminé aurait connu un sort bien moins clément dans des films plus engagés d'Oliver Stone. Sauf que dans le cadre d'un récit héroïque sans ambiguïté, il prend la place emblématique du sauveteur qui exercera par la suite la vengeance de ce crime commis contre le peuple américain.
Le fond de l'histoire a beau nous offusquer par son patriotisme au moins borgne, la forme n'est pas plus apte à nous réconcilier avec cette oeuvre somme toute assez médiocre. Loin de ses feux d'artifice habituels, Stone a plutôt recours ici à de vieux poncifs fatigués, comme le ralenti ou un emploi trop sentimental de la musique. Le découpage du film à travers des fondus au noir abrupts ne permet pas non plus à lui donner le souffle ou l'ampleur que les événements qu'il relate auraient mérités.

Vu le 22 août 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les films coup de poing mettant en scène un moment historique récent et encore dans nos mémoires. Il aurait fallu attendre cinq ans pour parler ouvertement du 11 septembre 2001 et il fallait pour cela non seulement un grand réalisateur respectueux des faits, mais aussi sachant capter l'atmosphère oppressante qui restera à jamais gravée comme le jour où les Etats-Unis furent touchés de plein fouet. Récemment, United 93 nous permettait déjà de se rendre compte précisément de ce qui se passait dans l'espace aérien au moment où se déroule ce film. Nous avons droit ici à son pendant.

Oliver Stone est bien l'homme de la situation. Sur un scénario simpliste dans le fond (deux policiers prisonniers sous les décombres vont se soutenir coûte que coûte mutuellement en attendant une aide probable extérieure), il place toute son attention sur la minutie des détails. Nous avons donc droit aux fameuses scènes où les personnages se tournent vers une divinité pour retrouver de l'espoir. A ce titre, on se demandera pour quelle raison Oliver Stone a voulu nous donner sa vision "du jeune Jésus de l'eau" ... Ce film est ainsi à hymne au rassemblement de différents milieux sociaux face à une stituation très grave.

Tout sonne vrai dans ce film. Les effets spéciaux ne sont pas là pour nous en mettre plein la vue, mais pour refléter l'exactitude des faits. Le réalisateur est tellement pointilleux lorsqu'il filme que nous avons droit à la mise en scène d'une des photos les plus connues de ce 11 septembre, celle où l'on voit une personne tomber d'une des tours.

Enfin, Nicolas Cage, Maria Bello Michael Peña et Maggie Gyllenhaal montrent que ce sont d'excellents comédiens quand ils sont dirigés par un des plus talentueux réalisateurs américains.

Certaines personnes pourraient sortir déçues de la salle après avoir visionné ce film, mais ce ne fut pas mon cas. Le dernier film m'ayant autant touché était Good Will Hunting et c'était il y a bien trop longtemps. Le cinéphile remarquera aussi quelques emprunts à des séries cultes (Starsky et Hutch), à quelques films comme Backdraft (le cultissime "si je tombe, tu tombes" est remplacé ici par un "si tu meurs, je meurs"). World Trade Center s'impose donc comme le meilleur film d'Oliver Stone depuis Tueurs nés datant de 1994.

Vu le 28 août 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: