Avida

Avida
Titre original:Avida
Réalisateur:Benoît Delépine, Gustave Kervern
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:13 septembre 2006
Note:
Un maître-chien sourd et muet atterrit dans un zoo privé après la mort de son employeur. Il y rencontre deux drogués à la kétamine qui planifient l'enlèvement du chien d'une milliardaire plantureuse. Celle-ci ne se soucie pas tellement de l'échec du rapt, puisqu'elle oblige les trois hommes à l'aider dans l'accomplissement de sa dernière volonté : mourir sur une montagne.

Critique de Tootpadu

L'étrangeté de ce deuxième film du tandem Delépine/Kervern n'a d'égale que dans sa beauté tranquille, fascinante et reposante à la fois. Très loin d'un cinéma narratif conventionnel, ce conte presque abstrait s'implique autant dans une esthétique de l'image renversante que dans des situations hautement incongruës.
Le noir & blanc granuleux dans lequel baigne pratiquement tout le film, à l'exception du dernier plan, un hommage à Salvador Dali peut-être un peu trop explicite, l'apparente en effet aux oeuvres de la Nouvelle Vague et du cinéma allemand des années 1970 (Herzog et Wenders). D'abord dans un cadre urbain, à l'architecture abstraite, et puis dans une nature déserte, l'image est d'une richesse étonnante, et par les références qu'elle nous inspire inlassablement (rien que le plan d'un Don Quichotte des temps modernes est très astucieux) et par son simple aspect plastique d'une beauté impressionnante.
Derrière cette forme travaillée et brute à la fois, des événements étranges s'agitent sans cesse, comme pour approfondir encore le délire poétique qui caractérise le film. L'humour noir et décalé y est forcément jubilatoire et il ne répond à aucune obligation narrative contraignante. Là encore, quelques références se glissent dans l'histoire, pour notre plus grand plaisir, comme la maison électronique aux forts accents tatiesques. Et puis les moments délirants abondent, comme le discours de Claude Chabrol sur le chevreuil ou la tentative démesurée du garde du corps, campé par un Albert Dupontel toujours aussi excellent, d'empêcher l'enlèvement du chien.

Vu le 17 août 2006, au Balzac, Salle 1

Note de Tootpadu: