
Titre original: | Taxidermie |
Réalisateur: | Palfi György |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 23 août 2006 |
Note: | |
Le taxidermiste Lajos Balathony a commis un acte insensé, une aspiration à l'immortalité du corps aussi audacieuse que folle. Comment comprendre cette mutilation volontaire ? Peut-être en remontant dans le temps, vers son grand-père Vendel Morosgovanyi, un aide de camp qui fantasmait sur l'épouse enrobée de son supérieur, et vers son père, le champion de la bouffe sportive Kalman Balatony.
Critique de Tootpadu
Soyez prévenus que cette oeuvre fait partie des rares films qui se délectent d'une manière retorse de toutes sortes de perversions que l'on ne voit généralement pas sur nos écrans de cinéma. Dans une veine qui nous inspire le Salo de Pasolini comme seule pièce de référence, Palfi György accumule les séquences écoeurantes et les plans étranges qui se gravent dans notre mémoire malgré nous. Prenez par exemple celui de Vendel, qui éjacule du feu après avoir joué avec la flamme de la bougie, une image exemplaire qui trône sur l'affiche française du film, censurée. Cependant, la retenue imposée ou volontaire fait justement défaut au film qui montre tout, dans les moindres détails (masturbation, éjaculation, pédophilie, zoophilie, gloutonnerie, vomissement, mutilation, ... ).
Toutefois, cette galerie de l'horreur assumée s'efforce tellement à ne rien cacher des perversions de ses trois protagonistes successifs qu'il ne lui reste plus rien à dire. Obnubilé par des séquences fortement déconseillées aux âmes sensibles, le spectateur se trouve face à une histoire opaque et vaine. Dans la mécanique de l'excès que pratique le film, le seul enjeu devient progressivement de deviner quelle sera la prochaine atrocité que l'on aura à subir. Et lorsque notre imagination rattrape celle de Palfi quant à la fin dégoûtante et prévisible de l'ancien champion immensément obèse, la vacuité de l'histoire devient écrasante.
Pourtant, il existe des réalisateurs qui ont tenté de sonder la perversion de la nature humaine, comme le réalisateur hongrois le fait ici. Mais la classe majestueuse d'un Alfred Hitchcock, le maître des désirs réprimés par excellence, consistait justement à laisser sous-entendre clairement toutes les atrocités qui assaillent presque inlassablement nos yeux ici. En somme, le ton débridé du deuxième film de Palfi György dépasse trop les bornes du mauvais goût pour réellement pouvoir s'interroger sur l'existence humaine tourmentée.
Vu le 10 août 2006, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: