Esquisses de Frank Gehry

Esquisses de Frank Gehry
Titre original:Esquisses de Frank Gehry
Réalisateur:Sydney Pollack
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:13 septembre 2006
Note:
Le réalisateur Sydney Pollack interroge son ami, le célèbre architecte Frank Gehry, sur son travail. Tout en suivant le processus artistique de l'oeuvre de Gehry et en retraçant son parcours, Pollack visite quelques unes de ses créations, comme le musée Guggenheim à Bilbao ou la Walt Disney Concert Hall à Los Angeles.

Critique de Tootpadu

L'American Center à Paris est devenu un peu notre deuxième maison depuis que la Cinémathèque française y a élu domicile l'automne passé. Plus qu'un temple de la cinéphilie, il est un monument curieux, une audace architecturale qui s'impose autant qu'elle interpelle. Malheureusement, il ne figure pas dans ce premier documentaire de Sydney Pollack, présenté cette année à Cannes, mais ses formes si particulières trouvent un début d'explication grâce à lui.
La démarche du réalisateur, aussi peu familier du genre que de l'art dont il parle, avance par petits traits, tel les esquisses du titre. D'une structure sans méthode apparente, son film passe continuellement d'un point de vue à l'autre. La liberté de ton qui s'en dégage, cette approche instinctive et non préméditée de l'acte créateur, permet néanmoins à Pollack de préserver une fraîcheur qui lui fait plutôt défaut du côté formel. Comme dans ses films de fiction, le réalisateur fait en effet preuve d'un peu trop de sagesse. Son portrait amical est ainsi instructif et respectueux du travail de son sujet. Mais il lui manque en fin de compte l'étincelle décisive de créativité qui distingue les monuments de Frank Gehry de ceux, interchangeables et conventionnels, de ses contemporains.
Car si ces Esquisses participent à un des plus nobles buts du cinéma - d'ouvrir l'esprit et de permettre au spectateur de voir le monde différemment en sortant de la salle -, c'est grâce au génie de son sujet qui nous livre quelques indices sur son travail. Heureusement, Pollack prend son temps pour se laisser imprégner de l'esprit de folie plastique qui anime les édifices de Gehry. Bien que le fond musical de ces balades à travers les espaces sculptés ajoute une couche solennelle un peu superflue, ces moments d'émerveillement devant le jeu avec l'ombre et la lumière, avec les formes petites et grandes, transcrit parfaitement l'ingéniosité du travail de Frank Gehry. Et ce dernier s'ouvre suffisamment à la caméra de son ami artiste Sydney pour laisser entrevoir l'homme, éternellement insatisfait, qui se trouve derrière quelques unes des oeuvres architecturales majeures des cinquante dernières années.

Vu le 4 août 2006, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu: