Professionnels (Les)

Professionnels (Les)
Titre original:Professionnels (Les)
Réalisateur:Richard Brooks
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:13 décembre 1966
Note:
La femme du riche propriétaire Joe Grant a été enlevée par l'ancien révolutionnaire mexicain Jesus Raza. Grant engage alors quatre hommes pour la ramener : Henry Fardan, un as dans le maniement des armes à feu, Bill Dolworth, un expert en dynamite, Jake Sharp, un éclaireur redoutable, et Hans Ehrengard, un amateur de chevaux. Au lieu de payer la rançon, Grant espère que ces anciens mercenaires de la guerre sauront s'introduire au Mexique et libérer son épouse des mains des rebelles.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Le générique raboteux, qui présente les personnages principaux d'une manière succincte et peu conventionnelle, met le ton pour ce western exceptionnel, qui peut prétendre autant au statut d'innovateur qu'à celui de précurseur. Le produit d'une époque charnière de son genre, au carrefour entre la tradition américaine et l'influence italienne, qui allait déboucher sur les oeuvres violentes de Sam Peckinpah, il est d'une nature hybride particulièrement saisissante. En plus, il n'évite pas des prises de position politique sérieuses, tout en gardant un recul teint d'ironie. Cette ironie, elle ne se traduit cependant pas par ces digressions comiques, qui avaient poussé bon nombre de ses contemporains vers la comédie immature, comme Sur la piste de la grande caravane, le film précédent de Burt Lancaster.
Non, Les Professionnels est peut-être le premier western adulte. Le premier à atteindre un équilibre magistral entre l'imprévisibilité de l'action et de la réaction des personnages, et les exigences de divertissement du genre, enracinées dans une certaine crédibilité. Car là aussi, le film synthétise en quelque sorte des dispositifs qui allaient être, et qui sont toujours, monnaie courante dans l'évocation d'aventures. Les Sept mercenaires ont commencé avec l'attribution de capacités particulières à chaque personnage. Ici, cette technique de la distribution des tâches est perfectionnée davantage, puisque la réussite de la mission dépend de l'expertise de chacun des participants. On remarquera à ce sujet, à quel point la pratique de chaque spécialité est essentielle à l'avancement de l'intrigue, et pas seulement lors de l'attaque principale. Cette concentration sur une activité apparente les personnages même à des super-héros ou des créatures fantastiques, ce qui explique probablement pourquoi quelques séquences de leur quête nous rappelaient des moments semblables dans la trilogie du Seigneur des anneaux.
Toutefois, la valeur divertissante indéniable du film ne serait qu'inoffensive et superficielle, s'il n'y avait pas une dimension politique, voire philosophique, au scénario. Richard Brooks ne perd jamais de vue les implications existentielles de cette mission douteuse, et il insiste, avec beaucoup d'intelligence, pour que cette préoccupation transparaisse régulièrement. Les répliques mémorables abondent alors, toutes inspirées à la fois d'une résignation tout droit sortie du film noir de l'après-guerre et d'une conscience des désenchantements et des espoirs de la fin des années 1960.

Vu le 28 mai 2007, au Quartier Latin, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: