Cars Quatre roues

Cars Quatre roues
Titre original:Cars Quatre roues
Réalisateur:John Lasseter, Joe Ranft
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:14 juin 2006
Note:
Lightning McQueen est une jeune voiture de course ambitieuse qui est en lice pour remporter la prestigieuse Piston Cup. Mais lors de la finale, l'impensable se produit : trois voitures finissent la saison à égalité, McQueen, Chick Hicks, son principal rival, et le légendaire The King. Une dernière compétition entre les trois voitures est alors organisée en Californie. Sûr de sa victoire, McQueen se précipite à l'autre bout des Etats-Unis à bord de son camion personnel. Mais par accident, il échoue seul à Radiator Springs, un petit bled paumé au milieu de nulle part. Retenu d'abord par les quelques habitants de la bourgade, qui l'obligent à réparer les dégâts qu'il a causés en arrivant, McQueen finit par tomber sous le charme de l'endroit et de Sally, une Porsche séduisante.

Critique de Tootpadu

Les films d'animation de Pixar ont toujours servi de miroir à la société américaine, tel un reflet fort divertissant d'un style de vie aussi envié que critiqué. Cette tendance s'est accentuée à travers les dernières productions qui se dressaient carrément en commentaire social doublé d'une relecture de genre au bord de la parodie. Jamais ennyeux, ces dessins animés d'une nouvelle ère tournaient joyeusement autour de leur propre ingéniosité. Mais c'est justement la conscience affichée de leur propre intelligence qui les rendait de plus en plus lisses et de plus en plus vains.
Ce septième long-métrage du géant de l'animation casse ce cadre étroit de l'auto-parodie à peine déguisée en s'attaquant à un sujet aussi épineux que délaissé dans notre époque post-moderne : l'Amérique profonde avec son histoire et ses coutumes d'un autre âge. Une célébration de la ringardise campagnarde couplée d'une apologie du culte automobile, il y avait de quoi être inquiet face à ce rouleau compresseur présumé fait de bons sentiments et de priorités préoccupantes. Mais c'était mésestimer la capacité de renouvellement d'une équipe d'animateurs qui paraissent chercher constamment de nouveaux défis techniques et narratifs.
Cars Quatre roues opère en effet une rupture sensible avec le ton un brin arrogant des films précédents. Certes, le personnage principal nous est présenté comme un casse-cou égoïste et irascible, et son parcours jusqu'au triomphe de l'altruisme modeste prend un peu trop souvent des virages à forte charge exemplaire. Mais la fraîcheur et la simplicité du ton, ainsi qu'un respect explicite pour les accomplissement du passé, modifient considérablement la donne. On se croirait en fait transposé dans une oeuvre de Frank Capra, avec tout ce que cela implique d'humanité qui fait chaud au coeur et d'optimisme un peu naïf. Au lieu de se complaire dans sa qualité indiscutable, la trame narrative procède en effet par petites touches qui demeurent fidèle à l'état d'esprit de Capra, sans jamais trahir, ni brusquer l'engagement émotionnel du spectateur. Un investissement d'autant plus aisé que les personnages-voitures accomplissent une symbiose curieuse entre la fragilité humaine et la force automobile.
Cette explosion de vitesse enivrante domine d'ailleurs la première partie du film, lors de la course finale précoce. L'animation numérique s'y surpasse constamment, au point de nous présenter une des compétitions filmiques les plus électriques depuis très, très longtemps. Le côté esthétique du film s'avère par la suite tout aussi impressionnant, car l'animation savante du décor naturel américain s'associe parfaitement à la vivacité des voitures. Quant au choix des couleurs, il est l'opposé parfait de tout ce qui avait rendu Dinosaure une attaque impitoyable contre la rétine et le bon goût.
Un véritable nouveau départ en termes de narration et d'animation de la part de Pixar, ce divertissement enthousiasmant ne devrait cependant pas être le début d'une nouvelle série de films semblables. La qualité principale du studio d'animation, désormais sous la houlette de Disney, a toujours été sa capacité d'innovation, et il faut donc espérer qu'il saura toujours autant renouveler ses capacités de créer de la fiction époustouflante que dans ce conte irrésistible !

Vu le 21 juillet 2006, à l'UGC Ciné Cité La Défense, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: