
Titre original: | Paris je t'aime |
Réalisateur: | Bruno Podalydès, Gurinder Chadha, Gus Van Sant, Joel Coen, Ethan Coen, Walter Salles, Daniela Thomas, Christopher Doyle, Isabel Coixet, Nobuhiro Suwa, Sylvain Chomet, Alfonso Cuaron, Olivier Assayas, Oliver Schmitz, Richard LaGravenese, Vincenzo Natali, Wes Craven, Tom Tykwer, Frédéric Auburtin, Gérard Depardieu, Alexander Payne |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 120 minutes |
Date: | 21 juin 2006 |
Note: | |
Au fil des arrondissements, des histoires d'amours dans Paris. Un automobiliste qui recueille une femme inconsciente; un adolescent qui s'éprend d'une fille musulmane; un artiste qui croit avoir trouvé l'âme soeur; un touriste qui est la cause d'une crise de jalousie; une jeune mère étrangère qui passe sa journée à veiller sur l'enfant de ses employeurs; un commercial qui souhaite vendre des produits de beauté destinés aux femmes asiatiques; un homme qui s'apprête à quitter sa femme; une mère qui espère retrouver son fils décédé grâce à un cowboy; un gamin qui raconte la première rencontre de ses parents, des mimes; un vieil homme qui retrouve une jeune femme; une vedette de cinéma qui s'éprend de son fournisseur; une infirmière qui veut enfin prendre un café avec le gardien; un couple qui s'aime et qui se déchire; un jeune homme qui est séduit par une vampire; deux futurs mariés en quête d'humour; un garçon non voyant qui craint que l'hiver de sa relation avec une actrice soit arrivé; un vieux couple qui prépare son divorce; une Américaine qui découvre l'amour de Paris.
Critique de Tootpadu
Paris, la ville de l'amour est à l'honneur dans ce projet ambitieux, voire osé. Une métropole qui dispose déjà d'une filmographie officieuse si importante et impressionnante qu'une institution avait même été fondée afin de mieux la préserver et documenter (la Vidéothèque de Paris qui est depuis devenue le Forum des Images au rôle plus large). Comment ne pas se souvenir des centaines de films, classiques ou peu connus, qui ont érigé Paris en la capitale incontestable du cinéma ? Et comment ajouter une nouvelle pierre essentielle à cet édifice polymorphe, aussi différent et imprévisible que les dizaines de quartiers qui donnent un air de diversité à la ville de notre coeur ?
Les recueils de courts-métrages sont un genre assez rare dans la production cinématographique, encore plus confidentiels que les films à épisodes qui étaient en vogue dans l'Europe des années 1960 et '70. Agencés autour d'un thème, comme le racisme (Pas d'histoires !) ou les conséquences du 11 septembre (11'09''01), ils procèdent par petites touches, certaines pertinentes, d'autres inconsistantes, là où un long-métrage peut prendre tout son temps pour développer un raisonnement appuyé sur une narration conventionnelle. A de rares exceptions près, une impression générale moyenne, à moins d'être médiocre, résulte de cette diversité des tons et des talents.
Sympathique et intéressant, ce projet porté par les producteurs Claudie Ossard et Emmanuel Benbihy ne s'affranchit jamais des contraintes formelles du mosaïque filmique. Avec seulement cinq à dix minutes à leur disposition, la petite vingtaine de réalisateurs de renommée internationale s'agite dans des limites temporelles trop contraignantes pour briller réellement. Au fil des épisodes, on remarque quelques éléments récurrents et un point de vue majoritairement étranger sur la plus grande ville de France. Et c'est justement cette approche, véhiculée par les nombreux personnages touristes ou de passage à Paris, qui rapprochent le film d'un album photo agréable à regarder, mais sans racines fortes qui le lieraient à son décor.
La plupart des courts-métrages ne s'attardent en fait pas assez pour s'imprégner de l'ambiance qui règne dans leur quartier respectif. Sans aller jusqu'à l'extrême de l'accélération dans le cas de Tom Tykwer, ils sont néanmoins presque tous préoccupés à boucler leur histoire d'une façon poussive, soit avec une chute artificielle, soit avec une fin ouverte qui laisse un arrière-goût d'inachevé. Même si les ratages se font rares (Cuaron et Natali), les moments jubilatoires sont tout aussi absents de cet éventail édenté. Le plus proche que l'on arrive au nerf de la vie parisienne, c'est avec les contributions à vocation sociale, de Gurinder Chadha, Salles & Thomas, et Oliver Schmitz, autant de bribes prometteuses qui demeurent malheureusement au stade de l'esquisse. Moins de bizarreries pittoresques et plus d'humanité simple aurait en effet contribué à légitimer cet album finalement trop distant de l'attraction touristique principale du monde.
Vu le 7 juillet 2006, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 24, en VO
Note de Tootpadu: