
Titre original: | Demande à la poussière |
Réalisateur: | Robert Towne |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 119 minutes |
Date: | 30 août 2006 |
Note: | |
Le jeune écrivain Arturo Bandini s'installe à Los Angeles dans les années 1930 pour y vivre les aventures amoureuses qui nourriront le roman qui le rendra célèbre. Mais quelques mois après son arrivée, il est fauché et il n'a écrit rien de valable. Il décide alors de dépenser sa dernière pièce d'argent en buvant un café. Malgré un différent avec la serveuse, Camilla Lopez, une Mexicaine à la tête forte et à la beauté irrésistible, Bandini n'arrive pas à l'oublier. Ainsi commence leur histoire d'amour, faite de disputes et de séparations, de malentendus et d'une attirance mutuelle qui vaincra toute animosité.
Critique de Tootpadu
On n'en voit malheureusement plus tellement au cinéma, des films qui ont comme cadre historique les Etats-Unis des années 1930 et '40, une époque qui avait plus à offrir que la guerre et la dépression économique. Le retour de Robert Towne, le scénariste de Chinatown et de sa suite Two Jakes, laissait donc espérer un dépoussiérage en règle des vieilles voitures et du décor urbain de villes en pleine éclosion, qui n'avaient plus brillé depuis L.A. Confidential, situé au cours de la décennie suivante et sorti il y a presque dix ans.
Hélas, les décors somptueux et forts jolis, qui permettent une immersion convenable dans la Californie ancienne, comptent parmi les rares points forts du film. Agréablement mis en valeur par une photo un peu trop inégale, ils sont supposé être le fondement d'un récit romantique sur les préjugés raciaux. Cependant, cette histoire d'un amour contrarié ne va nulle part après des débuts plutôt prometteurs. Les stades du rapprochement progressif entre l'écrivain et la serveuse paraissent en effet bâclés, surtout en comparaison avec une première rencontre au potentiel certain. Les répliques d'abord épicées entre Bandini et Camilla sonnent de plus en plus vides et prétentieuses, avant de s'écrouler avec le reste du film dans une finale lourdement mélodramatique. La pièce centrale du film, la relation amoureuse, échoue alors tout autant que les intrigues secondaires, entièrement dispensables à l'exception éventuelle de l'affaire avec la femme de ménage défigurée.
Cette adaptation du roman de John Fante manque néanmoins surtout de pouvoir de conviction en raison de ses têtes d'affiche particulièrement inadéquates. Alors que Salma Hayek campe une fois de plus une femme mexicaine pulpeuse et moyennement émancipée, Colin Farrell est très mal à l'aise dans un rôle de lettré inexpérimenté jamais crédible. L'acteur irlandais dégage un pouvoir de séduction relatif, soites, mais toute la dimension d'intellectuel frustré de son personnage lui échappe complètement. Son jeu sonne ainsi tout aussi faux que les nombreux effets spéciaux maladroitement intégrés (le long travelling du générique, la façade du cinéma) et une baignade nocturne particulièrement laide en dépit des deux vedettes dans le plus simple appareil.
Enfin, la salle de presse la moins confortable de France, le Club 13, nous a une fois de plus gratifiés de conditions de projection pitoyables. Après l'image sautillante au cours de la dernière bobine de Vagues invisibles, c'était cette fois-ci la bande son qui était parasitée avec des bruits anachroniques pendant dix minutes au coeur du film, sans oublier la suppression du générique de fin afin d'accommoder l'événement promotionnel suivant. Avec la présence d'un abruti que nous ne considérerons jamais comme un confrère, qui ne vient aux projections que pour faire marcher son stylo, le substitut précieux de sa cervelle sans doute, en guise de cerise sur le gateau empoisonné, cette projection remporte pour l'instant la distinction honteuse de la séance la plus nulle de l'année, d'un film qui ne vaut guère mieux !
Vu le 22 juin 2006, au Club 13, en VO
Note de Tootpadu: