Nausicaä de la vallée du vent

Nausicaä de la vallée du vent
Titre original:Nausicaä de la vallée du vent
Réalisateur:Hayao Miyazaki
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:23 août 2006
Note:
Depuis mille ans, l'humanité est sous la menace d'une mer toxique, remplie d'insectes et de spores toxiques, qui est le résultat de la pollution de la planète. La jeune princesse Nausicaä de la vallée du vent cherche à comprendre le mystère de ce danger envahissant et elle prône le respect de la nature et des animaux, dont les puissants Omus qui protègent la mer. Lorsqu'un avion porteur s'écrase dans sa vallée, avec une arme redoutable à bord, Nausicaä devra prouver aux autres nations, bien plus bellicistes qu'elle, que la destruction de la mer toxique ne résoudra pas les problèmes de l'humanité.

Critique de Tootpadu

C'est donc ainsi que tout a réellement commencé, puisque c'est avec ce long-métrage de 1984 que Hayao Miyazaki a débuté sa conquête du cinéma d'animation, jusqu'à asseoir sa domination à travers les sept films qu'il a réalisés depuis. Techniquement parlant, Nausicaä n'est pas son premier film, en raison de son implication dans Le Château de Cagliostro qui transposait les aventures de Lupin sur grand écran. Mais c'est ici que se manifeste pour la première fois la patte Miyazaki, son style personnel qui le place parmi les plus grands de l'animation, à côté de son mentor Isaho Takahata.
Dès les premières images, l'enchantement est une fois de plus total. Notre découverte de cette forêt maléfique se fait dans une douceur délicate qui est rapidement troublée par la cavalcade de l'omu. Tout au long du récit, Miyazaki alternera alors des moments plus contemplatifs avec des explosions d'action spectaculaires. La narration s'en ressent, puisqu'elle demeure constamment alerte. Le rythme enlevé du film n'oublie cependant pas les implications multiples de son histoire post-apocalyptique.
Même si la conclusion de la quête de Nausicaä n'est pas d'une clareté confondante, ses motivations font état d'une préoccupation environnementale et pacifiste carrément hallucinantes pour l'époque. Peu de temps avant la catastrophe de Tchernobyl et longtemps avant que le réchauffement climatique de la planète ne devienne une inquiétude majeure, l'engagement du personnage principal fait preuve d'un militantisme exemplaire à peine déguisé. La jeune princesse se démarque en effet par son attachement profond à la paix, au respect de l'autre et de l'environnement et sa curiosité de comprendre le monde qui l'entoure sans lui imposer ses propres idéaux. Une véritable héroïne des temps futurs, elle ne fait pas passer son message par la mièvrerie ou la force, mais par un courage éclairé qui l'emmène, comme souvent chez Miyazaki, à s'envoler dans des airs pas tellement purs dans le cas présent.
La caractérisation de ce personnage exceptionnel se fait d'une façon subtilement inspirante. Les camps sommaires et les personnages caricaturaux spécifiques aux dessins animés Disney n'ont pas cours ici et la petite bête qui accompagne Nausicaä, un écureuil-renard tout de même, prend un rôle très secondaire. Tout est par contre fait pour nous immerger dans un monde dont la beauté épouse le mystère. Un mystère qui reste à la fin peut-être un peu trop intact, mais qui révèle sur le chemin de sa résolution partielle des points de vue d'un civisme beaucoup trop rare dans les fictions destinées pas seulement aux enfants.

Vu le 20 juin 2006, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: