
Titre original: | Un été à Berlin |
Réalisateur: | Andreas Dresen |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 12 juillet 2006 |
Note: | |
Les soirs d'un été chaud à Berlin, Karin et Nike, deux voisines et amies, discutent sur le balcon de la vie, de l'amour, des hommes, et d'une excursion à la plage. Alors que Nike, qui gagne sa vie en soignant des personnes âgées, pense avoir trouvé l'amour de sa vie en Ronald, un camionneur peu bavard, Karin ne réussit pas à retrouver un emploi et elle noie son chagrin dans l'alcool.
Critique de Tootpadu
Est-ce qu'il vaut mieux rire ou pleurer des péripéties dans la vie de deux femmes berlinoises ? Puisque la mise en scène assez plate ne nous donne pas trop d'indications sur la manière à prendre l'existence des deux protagonistes, passablement paumés, il ne nous reste qu'à suivre les hauts et les bas d'une saison mouvementée d'un oeil et intrigué, et circonspect.
Les différents éléments de l'intrigue font en effet preuve d'une banalité affirmée. Vu le déroulement de l'histoire, il est certain que ce qui se passe cet été-là dans la vie de Karin et Nike n'est que le prolongement d'une série continue de faits, qui trouvera son aboutissement soit dans une mort désespérée ou obnubilée par l'alcool, soit dans une vieillesse aussi désemparée que celle des personnes soignées par Nike. Aucun doute n'est ainsi permis quant à la médiocrité des personnages, en termes sociaux et caractériels. L'héroïsme leur est un état d'esprit aussi étranger que la détermination et le courage d'avoir des rêves et des ambitions personnels.
Et pourtant, c'est justement cette sympathie pour les gens ordinaires et modestes qui fait la vraie et seule force du film. Andreas Dresen aborde le milieu berlinois du côté défavorisé du mur social avec une absence de complexes intéressante. Les actions et les habitudes de ses personnages peuvent paraître bizarres et incongrues, surtout pour quelqu'un étranger à certains aspects de la mentalité allemande, mais elles traduisent une façon d'être originale qui n'est que rarement traitée dans la fiction, et encore moins souvent mise en valeur. Le conte doux-amer de deux femmes fermement enracinées dans la culture populaire de leur quartier fait ainsi la part belle aux coups de tête et aux gamineries, aux commérages et à une conscience intrigante des limites que l'appartenance à un certain milieu social, appelons-le "l'Allemagne d'en bas", engendre.
Enfin, il est malheureusement rare de voir au cinéma des portraits aussi justes et attachants de personnes atteintes par les ravages de l'âge avancé. Là aussi, la comédie et le drame vont main dans la main, puisque les remarques simples mais comiques de Nike (comme lorsqu'elle fait la toilette d'Hélène) ne sont qu'une réaction désemparée à la sénilité galopante de ses patients.
Vu le 30 mai 2006, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: