American Dreamz

American Dreamz
Titre original:American Dreamz
Réalisateur:Paul Weitz
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:07 juin 2006
Note:
Et c'est parti pour une énième saison d'"American Dreamz", l'émission de vedettes en herbe la plus populaire de l'Amérique. Le producteur et présentateur Martin Tweed n'est plus du tout enthousiaste et pour épicer un peu la sélection, il choisit des candidats hors du commun. Parmi eux, Sally Kendoo qui ferait tout pour devenir une célébrité et Omer, un jeune Irakien qui découvre le rêve américain, au détriment de ses affiliations terroristes. Enfin, le président en personne a été retenu en tant que juge d'honneur de l'émission finale, un coup de publicité désespéré de la part de son conseiller qui craint que le chef de l'état n'ait perdu la boule.

Critique de Tootpadu

L'Amérique va mal. Rien de surprenant à cela pour une nation qui croit dur comme fer en la légitimité de ses priorités et sa superiorité dans tous les domaines. La déterioration de la réputation est le premier pas vers le déclin d'un empire, et même si l'hégémonie militaire et économique garde encore un fort pouvoir de dissuasion, l'image des Etats-Unis a été entachée avec une laideur tenace pendant les années Bush. Les excès d'une culture nationale, qui ont déteint depuis longtemps sur la planète entière, et les inepties politiques d'une classe dirigeante corrompue constituent alors des cibles idéales et opportunes pour tout critique du système qui se respecte.
Et Paul Weitz ne se gêne point à viser dans le tas, en ridiculisant avec un humour féroce les phénomènes sociaux de la télé-réalité et de la célébrité éphémère, ainsi que le régime de pantins qui occupe en ce moment la Maison blanche. A ce sujet, le sosie à peine déguisé de Karl Rove, interprété par Willem Dafoe, qui manipule à outrance un président en pleine crise existentielle, est des plus hilarants. Et il existe d'autres nombreuses occasions de rire jaune devant cette satire assez mordante, décidément dans l'air du temps.
Cependant, les limitations de la démarche de Weitz se situent également à ce niveau. En s'attaquant à ces émissions populaires et à ces politiciens puissants, que personne ne prend plus au sérieux, le cinéaste a opté pour des cibles trop évidentes. Il est ainsi amusant de rire des embarras dont tombent victimes les personnages caricaturaux, mais le message qui se cache derrière, aussi pertinent soit-il, manque d'originalité et d'audace ces temps-ci, lorsque la fin d'un règne pitoyable a déjà commencé. De même, l'association entre les deux sujets principaux (le président & l'émission à la "Star Academy") ne devient jamais une évidence scénaristique, mais elle stagne au niveau d'un mélange de fortune. Puisque chacun des deux fils de l'histoire est particulièrement amusant et assez riche en idées intéressantes, il aurait peut-être été plus judicieux de faire deux films différents ou de faire passer l'un des deux à la trappe.
On sent bien que Paul Weitz a voulu viser haut dans le firmament des satires filmiques. Malheureusement, son traitement ironique de l'Amérique contemporaine, qui rêvait tant d'être le Network, voire le Nashville de son époque, doit se contenter d'être un Team America plus mûr et plus amusant.

Vu le 22 mai 2006, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu: