Echo Park, L.A.

Echo Park, L.A.
Titre original:Echo Park, L.A.
Réalisateur:Richard Glatzer, Wash Westmoreland
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:05 juillet 2006
Note:
Dans un quartier mexicain de Los Angeles, Echo Park, les filles ont droit à une grande fête familiale pour célébrer leurs 15 ans et leur passage à l'âge de femmes adultes. C'est bientôt le tour de Magdalena, la fille d'un pasteur. Alors que les préparatifs pour la célébration commencent, Magdalena et son entourage découvrent un fait compromettant pour la jeune femme.

Critique de Tootpadu

Les films sur la communauté mexicaine aux Etats-Unis, ces immigrés qui réclament leurs droits par milliers dans les rues américaines en ce moment, ne doivent pas obligatoirement ressembler à un feuilleton folklorique, comme Tortilla Soup ou, dans une perspective grecque, Mariage à la grecque. La preuve nous vient sous forme de ce film primé au dernier festival de Sundance, un conte sans complexe, ni complaisance, sur une jeunesse au carrefour des influences. Dans sa forme, il s'apparente au récent Girls in America, sauf qu'il résiste admirablement au misérabilisme social pour indiquer des solutions d'une humanité étonnante.
La justesse du ton et le mélange simple et proche de la vie entre le drame et la comédie ironique vont presque jusqu'à contredire la référence revendiquée par les réalisateurs des drames sociaux anglais des années 1960. Dans leur entêtement silencieux pour affirmer leurs différences, les deux protagonistes, Magdalena et son cousin, redéfinissent un héritage culturel dont ils sont pourtant les premières victimes. Objectivement parlant, leur vie est en bonne voie pour devenir misérable et frustrante, mais l'optimisme sous-jacent du récit les porte miraculeusement vers une conclusion à l'opposée des constats déprimants des oeuvres de Tony Richardson, John Schlesinger, ou encore Lindsay Anderson. Cette histoire des petits gens, des exclus en raison de leur égarement de la norme, est doucement revendicatrice de la différence et, quelle belle utopie, de l'amour entre les hommes.
Le vieil oncle fonctionne en effet comme le port d'attache et la référence en termes de tolérance altruiste pour les deux adolescents violemment déracinés. Il fournit le lien avec un passé qui devrait être plus qu'une source de nostalgie et de coloris folklorique. A travers son hospitalité et son attachement exemplaires envers les jeunes, il leur sert de référence là où la génération intermédiaire des parents est trop préoccupée par le travail, l'argent ou la religion. Certes, les vestiges du passé n'ont plus réellement de place dans un monde et un quartier en pleine évolution, mais curieusement c'est ce représentant de la vieille garde qui crée un pont entre ses deux générations de descendants que tout oppose.
Techniquement solide, ce film est un petit chef-d'oeuvre humaniste et optimiste sur la tolérance et une proposition philosophique pour affronter la dureté de la vie sans renier ni ses origines, ni ses pulsions sexuelles, ni son passé personnel.

Vu le 5 mai 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: