12 hommes en colère

12 hommes en colère
Titre original:12 hommes en colère
Réalisateur:Sidney Lumet
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:04 septembre 1957
Note:
Un jeune homme de 18 ans est accusé d'avoir tué son père. Au dernier jour du procès, les douze jurés se retirent pour débattre sur leur verdict dans cette affaire apparemment évidente.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Très peu de films peuvent se targuer d'être à la fois des classiques intemporels, des films phares de leur genre, des traités profondément bouleversants sur la nature humaine et, avant tout, des leçons de cinéma parfaites. 12 hommes en colère est tout cela et encore bien plus, puisqu'il fait figure de premier film le plus accompli depuis Citizen Kane et de meilleur film d'un réalisateur qui ne devait connaître sa période faste que quinze ans plus tard. En somme, ce chef-d'oeuvre incontestable est, même un demi-siècle après sa sortie, un des films qui expriment le mieux la lutte de l'homme entre l'idéalisme et toutes sortes de diversions plus ou moins nuisibles.
Cette étude de caractère hors pair ne s'encombre d'aucun élément superflu ou insignifiant. Et pourtant, le récit ne se plie point sous le poids des valeurs qu'il transmet. Au contraire, le basculement laborieux du vote des jurés fonctionne comme un thriller palpitant, sous la chaleur étouffante de la pièce qui colle littéralement le spectateur sur son fauteuil ! Même après l'avoir vu environ une dizaine de fois, nous sommes toujours autant fascinés par le suspense que le scénario génial crée à coups de détails minutieux.
Le rassemblement progressif du puzzle, qui fera tomber les jurés trops sûrs d'eux un par un, demeure cependant exceptionnellement sobre, voire anodin. A l'image de cette dispersion finale et définitive, le scénario ne prétend jamais à ce qui se passe dans cette pièce étouffante soit vraiment exceptionnel dans le fonctionnement implacable de la justice. Et pourtant, la plupart des motivations honnêtes ou intéressées qui constituent le spectre du comportement humain y passent en revue, sans que le trait ne soit jamais forcé. Certes, le mécanisme d'expression sociale ne fonctionnerait probablement plus de la même façon de nos jours. Mais le scénario magnifique de Reginald Rose sait garder les particularités qui dateraient l'action à un strict minimum.
Pour contrebalancer l'idéalisme éclairé du juré par qui le raz de marée commence, la mise en scène, incroyablement maîtrisée pour un premier film de cinéma, laisse planer le doute sur la procédure entière. Et si l'accusé était vraiment coupable ? Et si, à force de chercher des incohérences dans l'édifice des preuves, les partisans du "non coupable" ne pèchent par un excès de zèle aussi peu justifié que l'acharnement de leurs adversaires bornés ? Lumet et Rose n'imposent aucune solution facile à ce dilemme qui est, en fin de compte, celui de la quête impossible d'une vérité absolue.
Enfin, l'interprétation de l'ensemble des acteurs est simplement excellente. Chacun sait garder parfaitement la tension palpable, sans s'adjuger des capacités qui tireraient son personnage de la médiocrité qui le caractérise. Même le juré n° 8 ne sait résoudre l'affaire par ses propres forces, il a besoin pour cela du soutien et des idées des autres. Mais la petite révolution exemplaire n'aurait pas eu lieu sans son sursaut de courage, s'il n'avait pas pris la peine de s'interroger sur ses doutes.

Revu le 3 août 2007, au Grand Action, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: