Tournage dans un jardin anglais

Titre original: | Tournage dans un jardin anglais |
Réalisateur: | Michael Winterbottom |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 94 minutes |
Date: | 05 juillet 2006 |
Note: | |
L'acteur Steve Coogan est la vedette d'une adaptation filmique de "La Vie et les Opinions de Tristram Shandy", l'oeuvre phare de la littérature anglaise du XVIIIème siècle. Réputé comme être inadaptable, le livre de Laurence Sterne évoque le temps avant et après la naissance de son héros sur un ton décalé. Coogan tombe lui-même sous le coup de ce décalage au cours d'un tournage qui voit s'entremêler sa vie privée et son travail d'acteur et de vedette.
Critique de Tootpadu
Comment transposer un livre dont la qualité première est le jeu avec le langage et la pensée au cinéma ? Comment être fidèle à l'inventivité stylistique et à l'intrigue minimaliste de la source littéraire pour en faire un film accessible ? Nous ne sommes pas sûrs que la voie que Michael Winterbottom et ses collaborateurs ont choisie rend réellement justice au contenu foisonnant du chef-d'oeuvre de Sterne, mais elle tente très agilement à respecter l'esprit irrévérencieux et ironique de l'original. Plus que la simple reconstitution d'une époque, le film s'emploie à maintes mises en abîme plus amusantes les unes que les autres. L'hilarité du récit de Shandy, avec ses sauts audacieux dans le temps, est ainsi vite remplacée par un regard narquois sur le milieu du cinéma.
Alors que la première partie surclasse aisément d'autres comédies d'époque, tel le Tom Jones de Tony Richardson, la suite s'improvise, avec un peu moins de succès, dans le registre de la référence aux grands metteurs en scène du cinéma. On pense immédiatement au Fellini de 8½, un peu pompeusement convoqué à travers le thème musical de Nino Rota, et au Robert Altman du Player, lorsque les aléas quotidiens d'un tournage sont malicieusement disséqués. Ce récit d'un Tournage fonctionne dans ces instants jouissifs comme l'instantané lucide de la profession de nos jours. L'humour peut parfois prendre une forme débile et certaines répliques assassines sont trop conscientes de leur propre ingéniosité, mais dans l'ensemble, rien ne perturbe le flux irrésistible d'événements très marrants.
Jusqu'à présent, on ne connaissait Michael Winterbottom que comme réalisateur d'oeuvres prétentieuses et plutôt écoeurantes. Quelle bonne surprise de découvrir la corde de la comédie intelligente sur la harpe d'un cinéaste plus éclectique qu'il ne paraît !
Vu le 26 avril 2006, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu: