Wassup Rockers

Wassup Rockers
Titre original:Wassup Rockers
Réalisateur:Larry Clark
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:05 avril 2006
Note:
Jonathan et sa bande de copains, tous issus de l'immigration latino-américaine et tous du quartier dangereux South Central, passent leur temps à faire du skate, de la musique rock et à coucher avec des filles ou à fantasmer sur elles. Un jour, ils prennent le bus pour aller à Beverly Hills, où les attend non seulement un endroit difficile à dompter avec leurs planches, mais aussi des demeures luxueuses peuplées de gens riches qui sont fascinés par le style décontracté des jeunes.

Critique de Tootpadu

Larry Clark persévère avec son observation complice de la jeunesse américaine dans son cinquième film. Après les débauches violentes de ses deux oeuvres précédentes très controversées (Bully et Ken Park), le ton s'est quelque peu calmé ici, à défaut de correspondre aux clichés que voudrait nous inculquer un cinéma hollywoodien plus consensuel. Les jeunes Latinos qui se réclament fièrement du ghetto ne sont évidemment pas des saints, mais dans la logique narrative du film, ils apparaissent plus comme des victimes des préjugés et du destin qu'en tant que personnes dépourvues du moindre objectif. Certes, leur passe-temps favori, le skate, est loin de les garder à l'écart de toutes sortes d'embrouilles. Mais ils ne s'enfoncent point par leurs propres moyens dans la spirale de la violence qui avait aspiré les jeunes d'origine américaine dans les deux films précédents du cinéaste.
Dans cette posture presque passive du groupe d'amis réside d'ailleurs une des petites faiblesses structurelles du film. Puisqu'ils ne sont en quête que d'un endroit difficile à maîtriser et de filles qui veulent bien coucher avec eux, le potentiel dramatique qu'ils dégagent est forcément limité. Le côté "compte rendu social", proche du documentaire, aurait même pu se contenter de cela : de juste regarder des adolescents occuper leur journée de façon passablement innocente. La mécanique d'élimination qui se met en marche une fois que les garçons ont quitté leur environnement habituel, pas plus sûr que les quartiers riches de Beverly Hills d'ailleurs, apparait alors comme un artifice peu convaincant, comme le genre de prétexte aux libertés narratives abusives qui endommage sensiblement la portée réaliste du film.
Enfin, l'aspect un peu gâteux du style de Larry Clark est moins gênant ici que dans Ken Park, par exemple. Sans nudité explicite, le film expose cependant une certaine sensualité à travers des gros plans de quelques parties du corps des jeunes acteurs amateurs (les lèvres, les cuisses, ...). De même, la consommation de drogues ne dépasse point le cannabis ici, là encore une modération considérable en comparaison avec les excès précédents. Toutefois, ce raffinement relatif, en plus des réserves narratives indiquées plus haut, enlève à Wassup Rockers la force brute et perturbante qui avait caractérisé les deux films précédents de Larry Clark. Quelques balades rythmées en skate à travers Los Angeles mises à part, il manque au film des moments qui ne se laissent pas absorber par la banalité la plus totale.

Vu le 28 mars 2006, au Balzac, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: