Klimt

Klimt
Titre original:Klimt
Réalisateur:Raoul Ruiz
Sortie:Cinéma
Durée:127 minutes
Date:26 avril 2006
Note:
En 1900, le peintre autrichien Gustav Klimt est célébré à l'exposition universelle de Paris. A Vienne, cependant, ses tableaux osés s'attirent la foudre des autorités et de certains critiques. Alors que l'artiste engendre des enfants un peu partout et qu'il reste attaché à sa compagne Midi, il ne peut s'empêcher d'être fasciné par Lea De Castro, une femme énigmatique qui dispose de plus d'une identité.

Critique de Tootpadu

La décomposition narrative qui est comme l'image de marque de la réalisation par Raoul Ruiz ne fonctionne correctement que dans un contexte d'époque. Nous arrivons à cette conclusion curieuse après trois déceptions consécutives dans la filmographie bien fournie du cinéaste chilien. Combat d'amour en songe, Ce jour-là et Le Domaine perdu sont tous les trois des oeuvres ambitieuses qui se fourvoient plus ou moins rapidement dans les méandres de leurs récits abstraits. La prétention de raconter l'histoire différemment ou bien de ne pas réellement en raconter s'y vautre sans exception, au point de nous ennuyer excessivement. Rien de dramatique à cela, si ce n'est que nous étions de plus en plus fermement convaincus que le cinéma de Raoul Ruiz n'était guère fait pour nous. Car il y avait malgré tout un cas isolé où ces morceaux d'intrigue disparates nous avaient très agréablement surpris. En adaptant Proust dans son magnifique Le Temps retrouvé, Ruiz avait trouvé une forme et une tonalité merveilleuses pour transcrire la phraséologie de l'écrivain au cinéma. Grâce à ce songe éveillé autour du peintre autrichien Gustav Klimt, nous avons désormais la certitude que le cinéaste est capable de nous ensorceler de nouveau, à condition d'être en phase avec l'époque dans laquelle il place ses personnages.
On serait en fait vite frustré si on cherchait une histoire au sens conventionnel du terme dans ce dédale d'images, de sons et d'observations sur l'art. La seule posture à prendre face à ce film exigeant et même difficilement accessible, c'est de s'abandonner à son rythme onirique qui n'est pas sans rappeler celui d'Aleksandr Sokurov dans Père, fils, la dominante jaune et l'esthétique homosexuelle implicite en moins. Foisonnant et imprévisible, le labyrinthe que constitue le film invite le spectateur à s'y perdre, quitte à ne pas saisir toutes les subtilités du contexte historique. Vous n'apprendrez donc pas grand-chose sur la scène artistique européenne d'il y a un siècle, par contre, les pistes de réflection sur le rôle de l'artiste, sur le double et le choc entre le désir et l'art abondent dans ce très beau film étrange.

Vu le 21 mars 2006, au Club de l'Etoile, en VO anglaise

Note de Tootpadu: