Liaison fatale

Liaison fatale
Titre original:Liaison fatale
Réalisateur:Adrian Lyne
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:27 janvier 1988
Note:
Retenu en ville, alors que sa femme et sa fille rendent visite aux beaux-parents à la campagne, l'avocat Dan Gallagher cède aux avances de la belle Alex Forrest. Après un week-end torride, il considère l'affaire comme terminée. C'était compter sans la ténacité d'Alex qui s'accroche à lui, jusqu'à le harceler et à mettre sa vie de famille en danger.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

A l'origine du versant thriller des drames conjugaux, qui constitue depuis quasiment le seul fond de commerce de son réalisateur, ce film intrigue encore de nos jours. D'abord, parce qu'on y voit clairement apparaître les signes précurseurs qui allaient régner sur le genre au moins pendant une décennie. Et puis, parce qu'il sait porter fièrement les traits caractéristiques de son époque, les très particulières années 1980, sans pour autant se laisser étouffer par eux.
L'intrigue de la femme délaissée qui rend infernale la vie de son amant est une recette plutôt fatiguée de nos jours. Elle l'a probablement même été il y a vingt ans. Mais le trait juste avec lequel le scénario de James Dearden l'évoque jusqu'à un certain point la rend immédiatement accessible. A condition de mener ce style de vie privée, ne vous est-il pas déjà arrivé de vous retrouver avec une personne insistante, qui voulait que l'aventure d'un soir continue ? Et si les troubles mentaux de cette personne l'empêchaient de lâcher prise et de passer à autre chose ? La relation entre Dan et Alex demeure en effet au début dans la sphère du plausible, voire du possible. Certains indices laissent craindre le pire, mais l'attachement maladif d'Alex ne dépasse guère les bornes pendant un certain temps. Les moyens de persécution dont elle se sert son tellement anodins et à la portée de tous, notamment les coups de téléphone, que leur banalité ajoute encore à la force inquiétante du film.
La menace bascule cependant dans le champs du délire excessif au plus tard lors de la fameuse séquence du lapin. Surtout l'affrontement final, avec sa brutalité et ses rebondissements répétitifs, qui allaient ouvrir la voie à des résurrections interminables de méchants (on pense notamment à la finale des Nerfs à vif de Scorsese), constitue une rupture de ton évidente avec le reste du film. On s'y croirait plus dans un thriller à la De Palma que dans le dénouement logique d'un drame conjugal dense et prenant. La fin initialement prévue, mais retirée suite à l'accueil négatif du public lors des projections tests, n'est pas tellement plus satisfaisante. Mais elle a l'énorme avantage de ne pas quitter le cadre d'une vie ordinaire crédible.
Enfin, la narration et le style de la mise en scène d'Adrian Lyne ont plutôt bien vieilli. A quelques coiffures et costumes un brin aberrants près, le film ne porte point les stigmates formels de son époque, pourtant lourdement chargée de ce point de vue-là. Grâce à l'interprétation intense, en particulier de Glenn Close, et un scénario très solide, en dépit de son égarement final, Liaison fatale se laisse toujours regarder avec autant de plaisir. Et on pense avoir le droit de demander, pourquoi ce genre de film, un divertissement pour adultes avec des implications sociales bien présentes, mais peut-être un peu trop extrapolées au moment de sa sortie, ne se fait pratiquement plus de nos jours ?

Revu le 22 septembre 2007, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: