Breakfast on Pluto

Breakfast on Pluto
Titre original:Breakfast on Pluto
Réalisateur:Neil Jordan
Sortie:Cinéma
Durée:129 minutes
Date:01 mars 2006
Note:
Abandonné par sa mère devant la porte du prêtre, le jeune Patrick Braden se demande depuis son plus jeune âge comment il peut faire pour la retrouver. Lorsqu'il apprend qu'elle a été aperçue à Londres, Patrick, qui se fait désormais appeler Patricia ou "Minou" pour les intimes, quitte son Irlande natale pour partir à sa recherche en Angleterre. Mais il lui faudra traverser bien des emplois bizarres et des rencontres sordides avant de revenir à son point de départ.

Critique de Tootpadu

36 chapitres pour raconter l'histoire pas si extraordinaire d'un jeune travesti irlandais en deux heures, c'est définitivement trop. Au manque manifeste d'excitation s'ajoute alors un rythme narratif excessivement morcelé, dont les toutes petites facettes ne forment point un tableau général plus attrayant. En hachant son récit en de très nombreux morceaux, Neil Jordan semble vouloir cacher le poids insuffisant du destin de son protagoniste. Une présentation après l'autre, les différentes étapes de la vie de "Minou" sont ainsi au mieux éraflées, sans laisser une trace quelconque. D'où probablement l'insistance pour inclure le conflit de l'Irlande du Nord tous les deux ou trois chapitres. Mais au lieu de donner un peu de sérieux à l'histoire, ces attentats, contrebandes et manifestations en tout genre la diluent seulement. En fin de compte, on se retrouve avec un semblant de biographie sinon misérabiliste, au moins désordonné, rythmé plus par la pléthore de chansons des années 1970 que par les coupures artificielles et ostentatoires des chapitres, le tout encadré et commenté par deux rouges-gorges. Vous voyez le fouillis indigeste ...
Il est alors dommage que deux interprétations assez intéressantes disparaissent dans cette cacophonie prétentieuse. D'abord, Cillian Murphy n'arrive malheureusement jamais à donner de l'épaisseur à son personnage sensible et coriace, surtout faute d'un appui solide de la part du scénario. Il est par conséquent dans l'impossibilité de respecter la promesse qu'il nous donne lors de sa première apparition à l'écran : celle d'être un des travestis les plus mémorables de l'histoire du cinéma. Ensuite, Stephen Rea, un des très fidèles collaborateurs du réalisateur, signe dans son neuvième film pour Neil Jordan un portrait d'une finesse très fragile et fugace. Si seulement son magicien qui se rouvre temporairement à l'amour avait inspiré le film dans son ensemble, ce dernier aurait été bien moins frustrant.

Vu le 23 février 2006, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: