Ivresse du pouvoir (L')

Ivresse du pouvoir (L')
Titre original:Ivresse du pouvoir (L')
Réalisateur:Claude Chabrol
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:22 février 2006
Note:
La juge Jeanne Charmant Killman est chargée d'instruire le dossier Humeau, le président d'un grand groupe, inculpé pour abus de biens sociaux et trafic d'influences. Petit à petit, la juriste ambitieuse découvre un vaste réseau de blanchiment d'argent. Mais ses enquêtes musclées font trop de bruit selon l'avis de ses supérieurs et de fonctionnaires haut placés. Sans parler de sa vie privée qui bat de plus en plus de l'aile, après chaque nouveau coup médiatique ou chaque nouvelle inculpation prestigieuse.

Critique de Tootpadu

L'appareil judiciaire français a très mauvaise presse en ce moment. Cependant, on verrait mal le juge Burgaud, juvénile et pitoyable, en vedette d'une reprise très libre de son affaire par les soins du toujours aussi malicieux Claude Chabrol. Qui sait, il est même fort probable que plus personne ne se souviendra du scandale d'Outreau d'ici dix ans, alors que les faits sur lesquels est vaguement basé le scénario d'Odile Barski et Claude Chabrol demeurent ancrés fermement dans la conscience nationale collective. Ce qui étonne alors plus, en vue de ce film et de son rapport étroit avec la réalité, c'est la frilosité avec laquelle les noms de l'actualité du milieu des années 1990 sont tus, bien que tout le monde sache de qui il s'agit (l'affaire Elf, la juge Eva Joly, le PDG Loïk Le Floch-Prigent). Mais Chabrol ne s'intéresse naturellement que très peu à la reconstitution minutieuse et il préfère persévérer dans son grand tableau sur la société française et la différence des classes.
Lentement, le cinéaste retrouve le souffle malicieux qui s'était partiellement évaporé dans son film précédent, La Demoiselle d'honneur. La méchanceté délicieuse n'est pas aussi soutenue ici que dans ses deux dernières grandes réussites (Merci pour le chocolat et La Fleur du mal, encore et toujours), mais les morceaux de bravoure s'intègrent mieux dans le flux narratif élégant, quoiqu'un peu éparpillé, que lors de la relation tortueuse de son film précédent. Pour un thriller à mi-chemin entre les domaines politiques et juridiques, la tension est en effet un peu trop sophistiquée à notre goût. Jamais en manque d'intelligence et de petites pointes assassines, le scénario peine par contre à trouver des bribes de vie dans les hautes sphères de la magistrature et de la finance. Il en ressort un récit très soigné, à la structure un peu hasardeuse (les nombreux fondus au noir) et à la mise en scène sobre mais guère ingénieuse.
Dans sa septième collaboration avec un des réalisateurs français les plus consistants, Isabelle Huppert est une fois de plus d'une justesse et d'une fragilité impressionnantes. Cependant, les grands moments d'acteur sont réservés aux hommes d'affaires véreux qui s'adonnent à des parodies savoureuses, Jean-François Balmer en tête.

Vu le 6 février 2006, à l'Elysées Biarritz

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

« Si le film ne traite pas directement du dossier Elf, le spectateur attentif s'amusera de quelques clins d'oeil à cette retentissante affaire politico-judiciaire. Dans L'Ivresse du pouvoir, le juge d'instruction s'appelle Jeanne Charmant (nom qui rappelle forcément celui d'Eva Joly, en charge du dossier Elf), et le patron mis en examen est interprété par François Berléand, comédien à la barbe grisonnante, dont les traits rappellent singulièrement ceux de l'ex-PDG du groupe pétrolier Loik Le Floch Prigent (l'un comme l'autre sont d'ailleurs affectés d'une maladie de peau). Ajoutons que le cinéaste a confié le rôle d'un homme politique impliqué dans cette affaire à... Roger Dumas (Roland Dumas n'est pas loin...). De même, le personnage qu'incarne Philippe Duclos a pour patronyme Holéo, terme qui évoque le secteur d'activité de la société Elf. » (source dossier de presse).

Comme dans tous les films de Claude Chabrol récents, on retrouve avec plaisir un cinéaste qui a toujours su trouver un bon casting, un bon scénario afin d’étayer au maximum ses propos. Mention spéciale à Isabelle Huppert qui fait une nouvelle fois une très bonne interprétation.

Film français à voir au cinéma si vous avez une carte illimitée ou attendez sa diffusion prochaine sur F2..

Vu le 26/02/06 à 20h00 salle 14 au Gaumont du Disney Village

Note de Mulder: