Toi et moi

Toi et moi
Titre original:Toi et moi
Réalisateur:Julie Lopes Curval
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:08 mars 2006
Note:
La vie est un roman-photo. C'est au moins ce qu'Ariane veut se faire croire à travers son travail de rédactrice des contes à l'eau de rose, publiés dans la revue "Toi & moi". Dans la vie réelle, les choses sont bien différentes, puisqu'Ariane est dans un état d'éternelle suspension avec le beau Farid, qui ne veut pas s'engager, et que sa soeur Lena, une musicienne, va chercher de la passion dans un coup de foudre pour un soliste, afin d'échapper à la routine avec son copain, un prof ennuyeux.

Critique de Tootpadu

L'idée ingénieuse de cette comédie très plaisante est de mettre en rapport des situations sentimentales de tous les jours avec le récit à l'eau de rose qu'en fait la protagoniste pour sa revue. L'effet obtenu par ce procédé n'est, par contre, nullement celui auquel on aurait pu s'attendre. Toi et moi, le deuxième film de Julie Lopes Curval en tant que réalisatrice, alors qu'elle s'est aussi déjà fait un nom comme scénariste (Le Rôle de sa vie), n'est ni une comédie rose bonbon, ni une mise en abîme outrancière des dérives d'un romantisme fleur bleue. Il se distingue plutôt comme un exercice inspiré d'écriture, puisque les renvois entre les deux tons (réaliste & sirupeux) sont une véritable mine de subtilités en tout genre. Alors que les romans-photos correspondent à peu près au cliché dominant (décors idéalisés, tirades lourdes de sens et de banalité), leurs reflets dans les différentes relations d'Ariane et de son entourage sont astucieusement déformés. Surtout les échanges entre Lena et Mark, son amant, se rapprochent régulièrement du vocabulaire et de l'intonation qui font sourire dans le cadre du montage photo. Quelle conclusion tirer alors du constat que c'est l'amour le plus passionnel, à côté d'engagements bien plus tortueux, qui se trouve le plus près du canon destiné aux midinettes ?
La brillance du scénario ne se prolonge malheureusement pas tout à fait jusqu'à la mise en scène. Sans être lent, le film n'évite pas toujours quelques petites longueurs et il ne se refuse pas non plus l'épilogue, qui commence à devenir une habitude fatigante parmi les sorties récentes. Ce que la réalisation néglige un peu en termes de rythme et de structure narrative, elle le rattrape aisément dans le domaine de l'interprétation.
En effet, les deux actrices principales sont simplement irrésistibles dans leurs rôles de femmes désemparées par les difficultés de l'amour. Julie Depardieu est phénoménale dans un de ses premiers premiers rôles, une boule de nerfs aussi attachante que désespérante. Et Marion Cotillard atteint des profondeurs dans son jeu dont nous n'avions pas encore les preuves, jusqu'à présent. A côté, les hommes font presque pâle figure, en dépit de la présence, toujours très appréciable, de Tomer Sisley.

Vu le 31 janvier 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées

Note de Tootpadu: