Odete

Odete
Titre original:Odete
Réalisateur:João Pedro Rodrigues
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:11 janvier 2006
Note:
Rui et Pedro sortent ensemble depuis un an. Les deux jeunes hommes s'aiment tendrement, jusqu'à ce que Pedro meure dans un accident de voiture. Odete, la voisine de Pedro, travaille dans un hypermarché et elle couche avec Alberto, le vigile. Lorsqu'elle lui demande de l'épouser et de se marier, il prend la fuite. Odete se met alors en tête qu'elle est enceinte de Pedro, alors que Rui n'arrive pas à l'oublier.

Critique de Tootpadu

La sensualité y est. Le goût pour les beaux mecs et une envie pressante de les déshabiller également. Enfin, certains plans sont d'une beauté à couper le souffle, tellement ils jaillissent sur l'écran, venus de nulle part. Par contre, un point crucial de l'intrigue est pour le moins problématique, le genre de psychose qui doit impérativement être crédible pour que le film fonctionne. Hélas, le personnage du titre reste cruellement opaque à travers un comportement irrationnel difficile à comprendre. Autant l'incapacité de faire le deuil de Rui est déchirante et déprimante, autant les folies d'Odete ne prennent jamais vraiment vie et risquent parfois de faire capoter tout le film. Son obsession n'est ainsi pas seulement morbide - une attitude qui s'accorde au demeurant très bien avec l'univers glauque de João Pedro Rodrigues - mais il lui manque une justification crédible. C'est justement sur l'aspect arbitraire de l'obsession que le réalisateur culbute, comme déjà dans son film précédent, O fantasma.
Brut et sensuel, son film cache cependant quelques instants de grâce artistique magnifiques. Rodrigues dispose ainsi d'un talent certain d'éveiller les sens dans les endroits les plus improbables et d'inclure des éléments inappropriés dans son chant langoureux. Trublion par excellence, il maîtrise parfaitement l'érotisme un peu crade (bien plus respectable ici toutefois que dans son conte d'éboueurs précédent) et il sait opérer des transitions avec une élégance particulière. Son goût exquis pour l'ordre dans le désordre formel sauve ainsi son film du grand n'importe-quoi vers lequel il est constamment aspiré par une protagoniste désagréablement troublante.

Vu le 20 janvier 2006, au MK2 Beaubourg, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: