Réussir ou mourir

Réussir ou mourir
Titre original:Réussir ou mourir
Réalisateur:Jim Sheridan
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:22 février 2006
Note:
Le rêve du jeune Marcus a depuis toujours été de devenir un rappeur gangster. Mais après la mort violente de sa mère, il suit plutôt dans les traces de celle-ci : vendre des drogues dans la rue pour le compte des têtes du crime organisé. Il monte rapidement dans l'organisation, jusqu'à ce qu'il se souvienne de son but initial, lors d'un séjour en prison. Il abandonne alors sa quête de vengeance contre l'assassin de sa mère et son poste prestigieux parmi les dealers, pour se lancer en tant que chanteur.

Critique de Tootpadu

Curtis Jackson, mondialement connu sous le surnom "50 cent", arrive un peu tard et surtout mal préparé sur le terrain surexploité du rap au cinéma. Un disciple fidèle de son idole Eminem, le chanteur s'est en effet embarqué dans une démarche ennuyeusement similaire à celle de Marshall Mathers : raconter sa vie, un conte de fées qui le voit dépasser la pauvreté, la misère et la violence de ses origines, pour devenir une vedette musicale. Toutefois, Réussir ou mourir est en tous points inférieur à 8 mile.
Le plagiat commence avec le choix du réalisateur, d'ailleurs fortement improbable. Ce que Jim Sheridan, le maître des drames irlandais, est venu faire dans l'univers de la jungle urbaine américaine restera probablement pour toujours un mystère. Certes, son film précédent, In America, traitait déjà de la dure existence des défavorisés dans une société américaine impitoyable. Mais jusqu'à présent, ce cinéaste assez doué était resté fidèle, d'une façon ou d'une autre, à ses racines de l'Irlande, un fondement culturel dont il est un témoin privilégié. Ici, seule la facette misérabiliste de son univers demeure, puisque le personnage principal devra se battre contre le lot habituel des désavantages sociaux dont son entourage l'accable. Coupé de sa moelle épinière créatrice, Sheridan éprouve beaucoup de mal à rendre la vie du jeune rappeur amateur authentique et percutante. Et faute d'un lien émotionnel fort entre le récit et le spectateur, les limitations formelles du réalisateur ont parfois du mal à se cacher. Comme preuves, le montage digne d'un Tueurs nés, mais sans la justification médiatique, lorsque Marcus se trouve entre la vie et la mort, de même que le recours à des images fort conventionnelles pour évoquer le passé (le pseudo-film de famille à la plage avec la mère).
Les dégâts ne s'arrêtent malheureusement pas là, puisque l'histoire en elle-même n'a rien d'exceptionnel. Nous n'éprouvons ainsi jamais l'empressement du protagoniste en vue de la création musicale, comme ce fut parfois le cas dans 8 mile, infiniment plus crédible. Sans parler d'un manque flagrant de séquences musicales fortes, à l'exception du générique du début, qui promet des choses que le film oubliera de tenir. A la place du sursaut musical - indispensable pour ce genre de film -, nous avons par contre droit à des parodies involontaires des films mafieux, Le Parrain en tête. Le jeu exécrable de Bill Duke dans le rôle du vieux dignitaire du crime est ainsi la seule interprétation à se faire, très négativement, remarquer. Car Curtis Jackson est également à la traîne dans le domaine dramatique en comparaison avec Eminem qui s'était avéré tout à fait convenable dans son film à lui.
Un film un peu prétentieux de chanteur en plus, qui se laisse à peu près regarder, mais qui fait carrément pitié s'il est comparé à ceux qui l'ont inspiré (8 mile, encore et toujours) ou qui ont su côtoyer ce milieu particulier avec une intensité largement supérieure (le très bon Hustle & Flow).

Vu le 17 janvier 2006, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après le biopic sur Eminem de 8 mile, voici celui de 50 cents de Jim Sheridan dans ce film sans réelle ambition. 50 cents n'a ni le talent musical de Eminem ni son jeu d'acteur. Autant le simple fait de regarder les yeux de Eminem dans 8 mile révélait une vraie force de volonté pour sortir de la pauvreté, autant celui de 50 cents semble dépourvu de tout sentiment. Il est assez amusant de remarquer que Samuel L. Jackson avait refusé de jouer dans ce film, car il avait bien vu que 50 cents était un acteur assez médiocre.

Le film nous raconte donc en flashback l'enfance et le passé du rappeur. Il se rapproche plus d'un simple film de gansters ("gangsta rap") que de celui de l'émergence d'un rappeur et il a donc pour vocation de faire aimer au plus grand nombre ce rappeur 50 cents, paranoïaque à ses heures perdues (il se balade dans sa voiture blindée et porte un gilet pare-balles si nécessaire). Ce film se regarde quand même avec intérêt, car il est réalisé par un vrai réalisateur, Jim Sheridan, capable du meilleur (My Left Foot, Au nom du père) et du moins bon (The Boxer, In America).

On notera aussi que le titre du film fait référence bien entendu à l'album homonyme de 50 Cent qui s'est écoulé à plus de 7 millions d'exemplaires à travers le monde. Pour jouer dans ce film, Curtis Jackson a dû revivre et rejouer certains des événements les plus traumatisants de sa vie, entre autres : la mort de sa mère, les violences et les dangers d'une carrière de dealer, et l'attaque qui le laissa pour mort devant la maison de ses grands-parents. Sa vie est donc une vraie "succes story" et montre que l'on peut réussir sa vie en vendant de la drogue dans les quartiers pauvres.

A voir uniquement si vous êtes fan de 50 cents, dans le cas contraire louer 8 mile si vous voulez voir le meilleur film sur le rap US.

Vu le vendredi 17 février 2006 à 20h10 au Gaumont du Disney Village

Note de Mulder: