Tony Takitani

Tony Takitani
Titre original:Tony Takitani
Réalisateur:Jun Ichikawa
Sortie:Cinéma
Durée:75 minutes
Date:25 janvier 2006
Note:
Un homme solitaire et renfermé, Tony Takitani n'a vécu de longues années que pour son travail de dessinateur technique. Lorsqu'il rencontre Eiko, une femme très belle, il tombe amoureux pour la première fois. Après le mariage, Eiko ne peut pas résister à son envie compulsif d'acheter des vêtements, toujours plus beaux, toujours plus chers. Elle laissera sa garderobe, qui occupe une pièce entière, à son mari après un événement tragique.

Critique de Tootpadu

L'adaptation de la littérature contemporaine au cinéma peine souvent de trouver le ton juste pour transposer le rythme particulier des mots écrits dans un langage d'images et de sons. Puisque nous sommes désormais loins d'une activité littéraire attachée à l'action, à l'exception des livres pour enfants, avec en figure de proue incontournable les "Harry Potter", un effort supplémentaire est demandé aux cinéastes afin de rendre les tourments introspectifs des héros du mot écrit accessible dans l'expression plus directe de la caméra, du micro, et du montage. Dans ce contexte, la sortie de ce film japonais basé sur la nouvelle de l'écrivain Haruki Murakami, qui n'en est plus à son premier ouvrage sur le marché de l'édition français, est une réussite notable dans la fragile transposition de la page au plan.
Le réalisateur Jun Ichikawa s'appuie en effet sur des dispositifs astucieux dans son récit sur une solitude troublée. L'intrigue très minimaliste (la vie d'un homme solitaire qui tombe amoureux une fois et tente de retrouver cet amour perdu) donne ainsi lieu à un rythme modéré qui déclenche très subtilement une impression de transe. Au fil des plans qui se succèdent toujours d'une façon précise, qui rappelle fortement l'acte de tourner la page (un panoramique de gauche à droite qui fait progressivement découvrir le décor), et d'un passage de relais très curieux entre la voix off et les répliques des personnages, il se manifeste un style étrangement épuré, qui ne tarde pas à nous fasciner. En plus, la partition pour piano de Ryuichi Sakamoto, très finement ciselée, achève de donner une impression très enrichissante à ce drame d'un homme solitaire, qui emprunte quelques motifs hitchcockiens (Sueurs froides).
Aussi belle et précise que le film qui l'adapte, la nouvelle du même nom vous est également recommandée.

Vu le 13 janvier 2006, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: